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VIVE L’INTELLIGENCE ET LA SCIENCE – Conférence IPSOS (compte rendu partial et partiel)

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Quand on consulte l’excellent site myenventnetwork.com, le constat est simple : tous les jours des événements, des conférences, des ateliers (parfois plusieurs dans la même journée) gratuits pour la majorité d’entre eux, mettent en avant un aspect du métier de la communication, du digital et des media.

C’est trop mais c’est ainsi (cf notre coup de gueule il y a 2 ans et ça n’a pas changé).

Nous sortons, de plus en plus souvent avant la fin (ce qui n’est pas poli), énervés après avoir entendu des choses déjà dites, redites, rabâchées sans aucune aspérité sans point de vue affirmé. C’est pour cela que nous n’avions rien publié sur ce blog depuis des mois. Overdose de banalités !

Aussi, quand une société vous propose de faire bouger vos neurones en vous apportant de l’intelligence scientifique, vous ne pouvez dire qu’une seule chose MERCI IPSOS !

L’idée de ces conférences à la maison de la chimie, le 26 septembre 2019 au soir, était de se réinterroger sur tous les modèles théoriques qui sous-tendent tout ce que nous faisons, faut-il les renouveler ? comment les renouveler ?

Que se passe-t-il dans notre cerveau, comment raisonne-t-on ? (Olivier Houdé, Professeur émérite Paris Descartes, laboratoire LaPsyDÉ).

Les adeptes de l’homo-economicus ont toujours mis en avant la capacité de réflexion logique de l’humain, son système algorithmique qui permet d’élaborer une pensée réfléchie, dont la fiabilité est grande mais qui nécessite du temps, des efforts pour aboutir. Son défaut ? Monopoliser notre attention (amusez-vous au jeu dans cette video).  C’est le système dit 2, incarné dans les travaux de Jean Piaget. Exemples simples : lire un mot que l’on ne connait pas, changer de direction pendant un trajet habituel, calculer 19 x 46…

Daniel Kahneman (prix Nobel d’économie 2012) a démontré que le système 2 n’était pas le seul dans notre cerveau, mais qu’il en existait un autre : le système 1. C’est un système dit heuristique dont la caractéristique est d’être une pensée automatique, intuitive, avec une fiabilité correcte mais non totale et surtout une très grande rapidité. Le cerveau humain cherchant toujours à économiser sa consommation d’énergie, le système 1 est celui que nous activons le plus souvent dans nos taches quotidiennes. Des exemples ? La lecture, la conduite automobile sur un trajet habituel, des calculs simples (1+1, 2+3 …). L’apprentissage est la base de construction du système 1.

Au passage, ne pensez-pas, comme l’imaginait Piaget, qu’en passant de l’enfant à l’adulte le 1 laisse la place au 2 ! Non, suivant les sujets, les moments, l’adulte est à fond dans le système 1, aucune corrélation avec l’âge ! (Comme quoi la sagesse n’est pas l’apanage des vieux 😊)

Alors nous nous arrêtons là, avec 2 systèmes ?

Non ! Il en existe un troisième, issu des travaux d’Olivier Houdé. Ce système 3 est dit système d’inhibition qui a fonction d’arbitre, et qui nous pousse à interrompre notre processus de décision rapide (système 1) pour basculer sur la réflexion algorithmique (système 2). Le système 3 permet d’éviter les conflits entre les 2 premiers, les conflits cognitifs. Les adeptes des neurosciences le localiseront dans le cortex pré-frontal, là où se situe nos émotions et sentiments.

L’idée est alors de « cultiver » notre système 3 pour apprendre à débrancher le système 1 au profit du 2, il faut résister à notre intuition !

A quoi cela sert-il ?

Un exemple concret proposé par Brice Teinturier : les stéréotypes racistes et antisémites existent depuis longtemps (les juifs et l’argent, les juifs et le pouvoir, le lobby juif mondial…) et sont suivis par IPSOS (B Teinturier a projeté des verbatim issus des réseaux sociaux, à vomir…). La question est, pour un gouvernement par exemple, de trouver des moyens de combattre ces stéréotypes. Affirmer que ce n’est pas vrai ne sert à rien, on se heurte au mur du système 1. Comment pousser le système 3 à débrancher le 1 pour activer le 2, donc à dépasser le stéréotype pour aller à la réflexion. IPSOS a introduit dans ces questionnaires d’opinions, des mesures de nouvelles émotions relatives au doute, au regret et à la curiosité qui permettent aux pouvoirs publics de penser leurs démarchent autrement. Ces mesures sont applicables aussi au marketing.

 

Deuxième sujet : La modélisation de la mobilité (Olivier Bonin, Professeur, Géographe, chercheur à l’IFSTTAR au Laboratoire Ville Mobilité Transport)

Le sujet parait plus simple que l’exploration de notre cerveau et pourtant ! Comment reconstituer des flux de mobilité pour mesurer des individus qui bougent en permanence dans tous les coins. Les vieilles méthodes consistaient à reconstituer des flux en comptant des passages à des points fixes et en interrogeant des individus dans le cadre d’enquêtes. En demandant un point de départ, un point d’arrivée, un mode de déplacement et des choix d’itinéraires, il était possible de modéliser les flux. Les modèles permettaient alors d’interpoler dans le temps et l’espace, des données très partielles, lacunaires. Ceci avec plus ou moins de succès car on se limitait souvent à des heures de pointe (le matin), un jour de semaine, sans tenir compte des variabilités des activités et en étant focalisé plus sur les flux que sur les comportements des individus.

Aujourd’hui, des données sont disponibles en masse : la billétique, le GPS, les smartphones, des boîtiers dédiés… Ces données sont, de plus, relatives à un individu. Et même si elles sont moins riches sémantiquement que des enquêtes, elles apportent une densité temporelle et spatiale incomparables.

Vous y appliquez des modèles différents (on passe des modèles gravitaires aux modèles multi-agents), calculés au niveau de l’individu (qu’il soit réel ou synthétisé) et vous disposez de multiples programmes d’activité répartis entre les jours, les chaînages, les différents membres d’une famille, bref, de tout ce qui est nécessaire pour l’optimisation des trajets, des infrastructures, des horaires, … mais aussi pour la mesure d’audience de l’affichage (Outdoor, en usage maintenant…)

C’est le cas applicatif montré par (le brillant) Jean Noël Zeh (IPSOS) puisque l’entreprise a gagné l’appel d’offres de Mobimétrie (ex Affimétrie). Dans cette mesure sont intégrés les déplacements de 10 000 personnes (elles ont porté pendant 9 jours, un « meter », un boitier spécifique, précis sur la localisation GPS), des mesures déclaratives de déclarations de déplacements (smartphones), les points d’intérêts géographiques (magasin, services publics, réseaux de transports, …), toute l’open data INSEE, et des données payantes de telco ou d’autres acteurs.

Jean Noël Zeh a aussi montré 2 cas de « research for good », comme la mesure des flux dans un camp de réfugiés Rohingya au Bangladesh pour permettre d’établir des points d’eau ou des centres de soins.

Troisième intervention : le consommateur expliqué par ses neurones (Vinod Venkatraman , Professeur, Temple University).

Nous sommes repartis dans le cerveau humain ou plus exactement dans les méthodes de mesure d’effets qui existent, aujourd’hui, avec la technologie (Eye tracking, facial tracking, activité cérébrale, sudation…). Mais la chose intéressante est de les avoir relier à un impact marketing sur les ventes.

Aux méthodes nouvelles, Vinod Venkatraman a testé aussi les méthodes plus classiques d’interrogation (groupes ou questionnaires). C’est l’objet d’un article primé en 2015 à l’ARF aux USA (sur de petits échantillons…). La conclusion est bonne pour une société d’études. Que ce soient des mesures d’eye tracking, biométriques, EEG ou questionnement, chacune apporte un voire plusieurs éléments de réponse différents à l’élasticité publicitaire sur les ventes. Autrement dit, c’est en utilisant toutes les méthodes que l’on a une vision complète et pertinente. Pour avoir, nous-même, hybridées plusieurs méthodes, nous ne pouvons qu’être en accord avec cette conclusion !

En application, Katell le Coueffic a présenté le « creative lab » qui permet, en une journée, de mettre en oeuvre la plupart des méthodes indiquées et d’avoir des pistes d’optimisation sur du matériel publicitaire non finalisé. Nous supposons que ceci sera plutôt l’apanage des grands sociétés clientes.

En conclusion, une des phrases prononcées en introduction par Helen Zeitoun :

« science et études, le ticket gagnant pour ne pas dire n’importe quoi »

(combien d’entre nous devraient s’en inspirer !).

Visibilité en TV? comparable à la visibilité digitale! (USA)

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IPG Media Lab a publié, récemment (19 mars 2019), une étude sur la visibilité TV aux USA.

Que signifie l’expression « Visibilité TV »?

On connait la visibilité « digitale »: l’individu est devant son appareil,  des publicités sont délivrées mais il ne pourra pas les voir.

La visibilité TV c’est l’inverse, les publicités sont toutes diffusées mais l’individu n’est pas devant son poste.

Pour mémoire, en Télévision,  l’audience est définie par « la présence dans la pièce où le poste est allumé ». Chaque individu, faisant partie du panel, doit appuyer sur un bouton d’une télécommande quand il rentre ou sort de la pièce.

IPG a utilisé les services de TVISION (société dont nous vous avions parlé ici, en octobre 2017 en saluant leur approche) pour mesurer 2 choses:

  • la présence dans la pièce où le poste est allumé quand des publicités passent à l’écran TV – LA VISIBILITE (une présence de 2 secondes ou plus dans la pièce)
  • les individus présents dans la pièce ont-ils les yeux  posés sur les publicités (Eyes on) – L’ATTENTION (les yeux posés sur la publicité pendant 2 secondes ou plus)

De la science fiction, non, un panel (représentatif de la population américaine sauf en géographie) équipé des bons outils et de la technologie a gogo pour analyser et rapprocher les informations avec ce qui est diffusé.

Donc , quel résultat?

Dans 29% du temps où des publicités sont diffusées, le poste de TV est allumé et … personne n’est présent dans la pièce.

La visibilité TV est donc de 71%. Un comparatif est fait avec le digital qui, selon la source (extreme reach) citée, serait de 69% , donc des chiffres comparables.

Cette visibilité est variable selon

  • les secteurs publicisés, de 65% (loisirs) à 75% (produits pharmaceutiques)
  • les tranches horaires (76% en prime)
  • la position dans l’écran (début d’écran: 72.2%, milieu: 70.3%, fin d’écran: 69.9%)

et les publicités les plus longues sont les plus visibles (logique!).

Mais, malgré tout, c’est en prime time que l’ATTENTION est quasiment la plus forte (indice à 116).

Le comparatif avec la France est bien évidemment tentant, pourtant nous n’irons pas jusque là! Les publicités TV aux USA et en France n’ont strictement rien à voir, un déferlement américain permanent et imbriqué dans les programmes par rapport à des minutes limitées en France et des plages publicitaires clairement identifiées.

Mais dans l’absolu, est ce un problème cette non visibilité annoncée?

Il manque une chose dans cette étude, le rapprochement avec le « bouton poussoir ».

Nous pouvons nous tromper, mais dans cette approche, il n’y a pas de bouton-poussoir pour signaler ou non sa présence dans la pièce puisque tout est fait automatiquement par détection de forme, orientation du visage… Donc l’absence des individus est constatée, mais est-ce que les individus, s’ils avaient eu un bouton pour signaler leur départ de la pièce, l’auraient fait ou pas? Ne met-on pas en avant alors, un faux problème ?

Ce qui est sous entendu ici, est qu’en TV comme en digital, les annonceurs payent pour une audience qu’ils ne peuvent avoir. Mais, dans un cas, le digital c’est, trop souvent, une ingénierie technique frauduleuse (même si les choses s’améliorent) qui en est la cause  (quoi qu’il se passe l’individu n’aura aucune chance de voir la publicité) quand, pour la TV, c’est le choix d’un individu, le spectateur, ce qui change tout, même si le résultat pour l’annonceur est le même.

La question importante, à notre sens, dans les 2 cas, est de savoir si les individus ont vu, porté attention à la publicité. Le débat est loin d’être clos et on aimerait beaucoup voir mis en oeuvre en France des dispositifs tels que ceux mentionnés dans cette étude pour le mesurer. Mais nous en avons déjà parlé ici ….

 

 

En Australie, la TV poursuit la démonstration de son efficacité ventes vs YouTube et Facebook (ça fait mal…) (compte rendu partial et partiel conférence SNPTV)

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Le 25 mars 2019, le SNPTV organisait une conférence sur le thème « la matinée de l’efficacité TV ».

Le « clou du spectacle » était le retour (un an après) de Karen Nelson-Field, la chercheuse commissionnée par le groupement des TV australiennes pour étudier l’efficacité de la TV vs YouTube et Facebook.

Nous nous étions fait l’écho de ses premiers travaux en octobre 2017 (nous étions les premiers à en parler en France  ) avec un premier article, au titre un peu racoleur nous en convenons, « comment la TV australienne défonce Google et Facebook ». Vous y retrouverez la méthodologie fort impressionnante (gros échantillons, Eye tracking, Magasin virtuel, Intelligence artificielle…).

Puis en février 2018, elle était venue présenter la suite. Nous en avions parlé dans «  le match TV vs YouTube et Facebook continue, 2 à 1 pour la TV ».

Et là, on s’approche du score d’une finale de coupe de monde (en 1998), 3 à 0 pour la TV vs YouTube et Facebook!

Alors, un petit rappel (avant les nouveautés)

1ère étude

  • L’attention publicitaire est plus forte sur l’écran TV (58%) quand YouTube (sur PC) est à 45% et Facebook (sur PC) est à 20%
  • Corrélation forte entre attention et ventes
  • Impact ventes (mesurée en STAS) en faveur de la TV (144) > YouTube (118) > Facebook (116)

 2ème étude

Prise en compte du mobile, ce qui est plus juste pour Facebook dont c’est l’appareil d’utilisation dominant (plus de 80%) et qui a élargi l’étude à l’intégration de la TV sur PC et mobile (replay), YouTube sur PC et mobile, idem pour Facebook.

  • L’attention est plus forte sur mobile pour tous (intrinsèque avec le device, il est plus près de nos yeux)
  • Même sur le mobile, c’est toujours la TV qui a l’attention la plus forte. TV sur mobile attention à 63% quand YouTube est à 54% et Facebook à 54%.
  • Et, cela se retrouve dans les ventes (STAS) TV a un STAS de 161, quand YouTube est à 137 et Facebook 121.
  • La raison en serait, simplement, l’occupation de la publicité dans l’écran physique.

Les nouveautés?

Quelle est la durée de l’effet ventes mesuré à 1 jour, 14 jours et 28 jours ?

  • La publicité TV a une rémanence largement plus forte. L’effet YouTube décroit 3 fois plus vite que la TV (mais en partant plus haut que Facebook). L’effet Facebook décroit 2.5 fois plus vite.

Quel est le meilleur « écran » ?

  • La pub TV sur écran TV a l’effet le plus long même si son STAS de départ est plus bas que la TV sur mobile

Et quelle est la meilleure complémentarité, à votre avis ?

  • Le couple gagnant c’est TV sur écran TV + TV sur mobile (replay)

Enfin, on touche qui des petits, moyens, gros acheteurs ?

Un media avec une forte couverture touche a priori tout le monde donc aussi des petits acheteurs qui sont ceux qui font la croissance des marques

  • Facebook est sous performant par rapport à sa pénétration en Australie  
  • Et, en prenant une marque de chocolat, que ce soit Facebook, Instagram ou Snapchat (YouTube non mentionné ici), sont touchés en majorité les gros consommateurs quand la TV  a une distribution attendue par rapport à sa pénétration.

Vous en voulez encore ?

Ça suffit pour cette fois ! Mais… à venir, la même étude aux USA et en Grande Bretagne (ils ont les moyens de se payer de belles études eux!) et en Australie, Karen Nelson-Field va s’attaquer à l’effet programme.

Alors, bien ou pas bien cette étude?

C’est vrai qu’en étant payé par le syndicat des TV australiennes, on s’attend à ce que les résultats soient en faveur de la TV mais la méthodologie montrée (on en a vu un peu plus cette fois-ci que les fois précédentes) est sérieuse, même si, dans l’absolu, nous ne sommes pas les plus grands fans du magasin virtuel et du STAS. Nous rêvons de voir la même étude réalisée en France.

Vous trouverez la présentation de l’étude australienne sur le site du SNPTV ici ainsi que les 2 autres études présentées lors de cette matinée

Les clés d’un parrainage TV efficace d’Impact mémoire

Effet de contexte et impact sur l’efficacité publicitaire – Harris Interactive

Hit parade 2018

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Les articles les plus lus en 2018 sur ce blog: une tribune et 4 comptes-rendus de conférence.

Merci de nous lire!

Faisons attention à l’attention (tribune commune O Goulet et I Le Roy, parue initialement dans CB News, octobre 2018)

le ROI TV défonce les GAFA et les autres media (compte rendu conférence SNPTV, janvier 2018)

De Marc DORCEL (films X) à ARTE, en passant par TF1, vous avez dit VIRTUALITÉ ? Un article de 2017, c’est Arte qui doit vous attirer 🙂

Publicité et études, même combat : tout le monde est perdu ! (compte rendu IIEX Amsterdam, mars 2018 )

Le parcours de l’individu via son mobile (Ogury), le parcours du consommateur ON et OFF (Carrefour Media) (compte rendu impartial et complet petit dej IREP, mars 2018)

Faisons attention à l’attention! Tribune commune O Goulet et I le Roy (cb news 11/10/2018)

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L’attention est devenue le buzzword actuel de la communication au niveau mondial.

Le constat est simple, nous, individus, consommateurs, prospects, clients, citoyens, sommes bombardés (et pourtant, avec le ciblage affiné promis par le digital, le « carpet bombing » devait disparaître) de messages publicitaires toujours plus nombreux, toujours plus personnalisés. Et encore, c’est sans compter les messages diffusés que nous ne voyons pas (un peu moins de 40% des publicités sur dekstop ne sont pas visibles, 23% des vidéos selon IAS 1er semestre 2018).

Il est alors légitime de se poser la question: sommes-« nous » attentifs ou non à ce qui est diffusé. C’est la base, le socle, d’un début de relation entre un message émis et sa réception dans notre cerveau. Le cerveau humain est ainsi fait que, si nous ne portons pas un minimum d’attention à un message, il ne se passera rien !

La question est donc bonne. Mais a-t-on les moyens, aujourd’hui, de mesurer cette attention ?

Des initiatives existent dans certains pays que l’on pourra toujours critiquer, glorifier, mais qui ont le mérite d’exister et d’apporter des éléments de réflexion. Aux USA et au Japon, par exemple, des annonceurs et des media utilisent les services de sociétés technologiques spécialisées dans cette mesure. Autre exemple, l’Australie, où un media, la télévision, est le fer de lance de la mesure technologique de l’attention, à grande échelle, pour mettre en avant ses qualités par rapport aux plateformes.

Des constantes dans les pays actifs sur le sujet ? Oui, les technologies de mesure passives, la masse, et, pour certains, la syndication.

Technologies passives ? Les progrès des neurosciences sont certains et y recourir est aujourd’hui la seule solution pour parvenir à approcher, correctement, le phénomène. Vous ajoutez à cela toutes les technologies embarquées dans les différents devices qui font partie de notre quotidien et vous obtenez un couple gagnant.

La masse ? Ou que ce soit, on parle d’échantillons représentatifs, la base d’une mesure fiable, et généralement, ce ne sont pas de petits échantillons !

La syndication ? Les dispositifs sont coûteux, qui a les moyens de les payer ? Un media? Des media? De gros annonceurs qui en ont assez de dépenser de l’argent à fonds perdus ?

Le marché français, depuis quelques mois, fourmillent d’initiatives sur la mesure de l’attention. Elles proviennent, souvent, des agences media (c’est très bien de revoir les agences media sur le sujet de l’expertise pour montrer qu’elles ont toujours un rôle à jouer dans le conseil donné aux annonceurs). Elles viennent aussi des régies qui initient des projets ponctuels sur leurs supports ou leurs médias.

Mais, on assiste, où l’on va assister, à la même chose que ce que l’on a pu voir pour l’engagement.

Tout le monde mesure « l’engagement », mais tout le monde a une définition différente de ce qu’est l’engagement. On ne sait donc plus ce qui est mesuré à droite ou à gauche, par qui, pourquoi, comment ! Au final, cet indicateur essentiel a perdu son sens et son universalité par trop plein de définitions diverses, variées et parfois, disons-le, loufoques.

Là, pour l’attention, il faut prendre les choses dans le bon sens, être innovant dans la mesure, y mettre des moyens, et faire travailler ensemble media, agences et annonceurs.

C’est un enjeu collectif qui doit être abordé comme tel. Il s’agit moins de défendre les intérêts particuliers de certains que de défendre l’intérêt global d’une profession à démontrer sa pertinence.

 

Nous sommes prêts pour accompagner ceci. Et vous ?

Publicité et études, même combat : tout le monde est perdu ! IIEX Amsterdam (compte rendu partial et partiel)

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700 personnes rassemblées à une conférence dédiée aux études ? Mais oui, ça existe encore et cela a eu lieu 19 et 20 février 2018 à Amsterdam, dans le cadre de IIEX Europe (tous les budgets conférences et voyages ne sont pas encore coupés partout!).

Vous connaissez ces conférences IIEX (Insight Innovation Exchange) ? Non ? Ne soyez pas surpris, vous êtes français et nous n’en avons compté seulement qu’une petite dizaine (et c’est bien dommage). Mais des anglo-saxons en force !

Les but d’IIEX ?

  • Amener de nouvelles idées pour changer le monde des « insights »
  • Fournir des sessions de formations pratiques pour développer de nouvelles capacités
  • Connecter les professionnels des études, des agences, des annonceurs entre eux (et il y avait des annonceurs !)

Nous avons souvent l’occasion d’assister à des conférences sur la communication (et nous nous en faisons l’écho) et cela faisait longtemps que nous n’avions pas assisté à une conférence sur les études (research en anglais). IIEX nous avait offert, très gentiment, l’inscription pour ces 2 jours.

Pour les premières (la communication), en filigrane, nous entendons souvent « comment exister face au GAFA » avec un bouillonnement d’initiatives (fondées ou non), de produits (utiles ou non), de débats (jamais assez à notre goût), pour la seconde, la question est « comment exister (tout court) ? » « Vers quoi faut-il aller ?»

Cette industrie, les études, et c’en est une (44.5 milliards de $, ESOMAR 2017), s’interroge sur son existence même quand elle voit ses clients (les annonceurs, les agences) se passer d’elle, faire autrement, différemment grâce au numérique.

Alors quoi de neuf ? Nous pourrions en écrire des tonnes sur toutes les sociétés présentes axées majoritairement sur les neurosciences, du social, de l’intelligence artificielle (rien vu sur le big data ou peu de choses sur l’hybridation mais c’était peut-être dans des conférences précédentes). Mais nous préférons, nous axer sur d’autres points de vue.

  1. L’avenir des études ? « Pourquoi suis-je optimiste ? ». Didier Truchot (IPSOS)

Un grand français (mais oui, chapeau), Didier Truchot (en octobre, ses 50 ans dans les études ! IFOP+IPSOS) a introduit la conférence en prononçant une phrase reprise par tous pendant les 2 jours :

« Cette industrie a plus changé pendant les 5 dernières années

que durant les 30 précédentes »

 (C’est vrai pour les études ad hoc mais pas pour les panels qui ont déjà fait leur révolution).

Une autre phrase intéressante

« cette industrie doit être basée sur la connaissance, la science, l’efficacité et plus important, être plus proche de ses clients, mieux les écouter pour que l’utilité de ce que l’on produit soit augmentée et que l’on puisse lutter contre les grandes sociétés de consultants ».

Où l’on retrouve encore les sociétés de conseil (études+pub= même combat !)…

Cette phrase souligne, à notre avis, 2 choses.

  • Le coté scientifique été quelque peu délaissé (D Truchot l’a souligné aussi) par les sociétés d’études. IPSOS a l’air de vouloir s’y remettre avec les récentes embauches de 2 directeurs scientifiques (très très bien tous les 2), Jean Noel Zeh (ex CSA) et Benoit Hubert (ex GFK).
  • La proximité client qui renvoie aussi à la disparition ou la perte d’importance des directions études chez les annonceurs.
  1. Les études chez l’annonceur : « Comment être prêt pour demain dès aujourd’hui » Stan Sthanunathan, Executive Vice President, Consumer & Market Insight, UNILEVER

 

Les sociétés d’études sont, encore aujourd’hui, plus calées ou occupées sur le triangle de gauche (en noir et blanc) à passer plus de temps sur la collecte de données que sur les insights alors qu’elles devraient être dans la posture inverse pour essayer d’atteindre le graal, selon lui, donner des pistes d’action et de mesure d’impact de ces actions. Elles s’arrêtent à l’étape « insights » sans s’engager.

Le futur de l’industrie est alors

« l’intelligence augmentée » = « efficience augmentée » + « efficacité augmentée »,

où comment faire avec ½ moins de budget, ½ moins de temps pour une action x2 ?

Concrètement chez Unilever ?

  • Utilisation de la plateforme Machine Vantage (Intelligence Artificielle et Machine learning) pour mettre en relation des données de panel distributeurs (vente & co) des marques et marchés suivis par Unilever, des données social, des données d’autres études. Exemple de bénéfices : lancement d’un nouveau produit pour Lipton en 7 mois entre la détection d’un besoin, l’établissement du concept jusqu’à la mise en marché
  • Laisser l’utilisateur interne Unilever trouver les réponses à ses questions via « answer rocket » (Q&A) ou via l’acces aux études en tant que telle (people answer) ou voir ou avoir des réactions consommateur en video (discuss.io). On crée de la valeur en laissant les gens faire eux-mêmes plutôt que de s’échiner à répondre a tout !

Sa vision des CMI (Consumer & Marketing Insights) est l’ouverture vers les consommateurs avec toutes les nouvelles technologies et l’ouverture vers les marketeurs de l’entreprise.

  1. Les études vues par l’annonceur : « how to measure a cloud » Tony Costella, HEINEKEN

La palette des sources d’information pour un annonceur s’élargit de plus en plus.

Donc des études VALIDES, RAPIDES et ECONOMIQUES c’est possible.

Moralité pour les sociétés d’études, bougez vous demain est déjà là !

  1. Comment ne rien perdre avec l’arrivée du mobile : « reinventing need states segmentation for the mobile era ? Luigi delli Colli Ferrero et Steven Naert, Ipsos

Toutes les grandes entreprises ont des segmentations clients. Celles-ci ont reposé, pendant de nombreuses années, sur l’administration de questionnaires en ligne généralement longs et pénibles à remplir.  Quand 70% des individus répondent aux questionnaires via mobile, il est plus qu’urgent de revoir la façon dont on les interroge.

  • Penser au questionnaire en mobile first c’est-à-dire beaucoup plus court. Pour Ferrero passer de 36 à 15 minutes.
  • Le mobile interdit de longues listes d’items, donc comment mettre des images valides (métaphoriques) ou avoir des questions ouvertes équivalentes à ces items. Pour Ferrero, utilisation des formes modernes de questionnement (passer des images, grilles courtes, sliders). Réduction du taux de chute de 30% à 14%.
  • Interagir avec le répondant via de la self-ethnographie, l’envoi d’images, de réactions non structurées.

Rien de nouveau pour les praticiens des études (ouverts), mais cela fait toujours du bien de voir qu’on y arrive sur des choses compliquées.

  1. Un peu d’efficacité publicitaire ? « how to significantly improve marketing ROI & ad effectiveness with Google AI and Hotspex behavioural science » Shane Skillen, Hotspex

Cet homme (Shane Skillen) est un showman. Un nouveau produit de cette société canadienne Hotspex (Toronto) toujours bien notée coté innovation : du test publicitaire vidéo en ligne sur les valeurs de la marque, les émotions, les attributs… avec une analyse de la vidéo à tester à base d’intelligence artificielle. Sur les 7 marques testées à titre de pilote, +10% en efficacité media (sur quels critères ?).

  1. Pour aller toujours plus vite : « accelerating the innovation process through crowdsources intelligence » Lise Ohlin, eYeka, Karen Sears, Unilever

François Petavy (ex eBay) est le fondateur de eYeka : la mise à disposition, pour les marques, d’une communauté de créateurs. Ces créateurs sont activables pour de la stratégie de marque, du contenu pour les réseaux sociaux, du développement produit, du design.

Le cas montré était sur Domestos (produit pour les cuvettes de toilette), un vrai challenge et une cliente étude très contente d’idées différentes et de la rapidité des choses!

2 choses importantes :

  • L’accent a été mis fortement sur l’importance du brief de l’annonceur à eYeka (confirmé par la cliente). Plus de temps est pratiquement passé sur le brief que sur la récolte des idées des créatifs. Pour convertir ce brief client en brief créatif, des planneurs stratégiques d’agences de publicité chez eYeka.
  • Substitution vs les agences créatives ? Non, ce sont des idées, des concepts qui sont recueillis, ils doivent être mis en musique par les agences créatives, …ensuite.
  1. Pour comprendre l’humain grâce à ses hésitations : « certainty index as a game changer in online consumer research » Rafal Ohme, Neurohm

Neurohm, une société polonaise a fait une présentation intelligente à l’image de leurs mesures basées sur l’implicite. Autrement dit, votre temps de réaction, votre temps d’hésitation pour donner telle ou telle réponse sur un sujet est révélatrice de ce que vous ne dites pas : plus vous êtes certain de votre réponse, plus vous allez vite pour répondre. La mesure conjointe entre une réponse à une question et le temps pour avoir cette réponse vous donne un coefficient de certitude quant à la réponse à la question posée.

Là encore, pour aller plus vite, une plateforme de mesure en ligne.

En conclusion

Un monde qui change, des insights partout, accessibles par tous les moyens, de la désintermédiation, des petites sociétés qui arrivent, des gros que l’on voit peu (à leur décharge ce n’est pas le lieu), amis lecteurs ça ne vous rappelle rien? 

 

En Australie, le match TV vs YouTube et Facebook continue: 2 à 1 pour la TV

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Le 22 février (la Sainte Isabelle), le groupement des TV Australiennes, ThinkTV , a sorti la suite de son étude sur l’efficacité publicitaire de la TV comparée à celles de YouTube et Facebook, « the benchmark series ».

Le nouveau volet, toujours à l’initiative de Karen Nelson-Field , concerne les publicités vues sur mobile.

Là encore, les publicités vues sur les services de Replay TV décrocheraient la timbale efficacité vs celles présentées par YouTube et Facebook.

Nous nous étions faits l’écho de la première mouture à la fois à la sortie de l’étude et lors de sa présentation au marché français il y a un mois (conférence SNPTV).

Cette première version avait un défaut que nous avions signalé: on comparait des publicités vues sur la TV ou le PC alors que le support de prédilection des plateformes comme YouTube et Facebook est le mobile.

Un autre défaut, quand on parle d’efficacité sur les ventes dans cette étude, on parle d’achats faits par les membres de l’échantillon dans un magasin virtuel qui ne sont pas de « vrais achats » dans de « vrais magasins ».  A ceci, on peut répondre, comme disait mon grande-père, « l’erreur est juste », autrement dit, l’erreur est constante, la même pour tout le monde donc YouTube ou Facebook ne sont pas plus avantagés ou désavantagés, à notre sens, que la TV.

Alors que nous dit cette nouvelle version? Que des bonnes nouvelles pour les annonceurs!

  • Les publicités vues sur mobile sont efficaces sur les ventes que l’on soit en Replay TV, sur YouTube ou sur Facebook.

  • Mais, celles vues en Replay TV ont une efficacité supérieure sur les ventes de 17.5% vs YouTube et de 33% vs Facebook.

  • et, plus étonnant encore, les publicités vues sur mobile sont plus génératrices de ventes que celles vues sur les autres types d’appareils (poste de TV, écran PC)

La raison de ce dernier résultat? On porte plus d’attention en se penchant sur l’écran du mobile par rapport à l’attention sur d’autres écrans.

Et pourquoi, selon Karen Nelson Field (commentaires sur son profil linkedin), les résultats sont meilleurs en Replay vs YT et FB? Là encore, une question de visibilité « plein écran » (du mobile à l’horizontal) de ces publicités.  En Replay et sur YouTube, les publicités sont plus visibles que dans le fil Facebook.

En résumé

Nous aimerions avoir plus de détail que ce simple tableau, et notamment sur les cibles, les secteurs,  mais nous n’avons pas trouvé d’autres choses pour l’instant. Nous ne savons pas non plus si ces nouveaux résultats proviennent de nouveaux traitements de l’étude initiale ou d’une nouvelle étude (a priori, nous pencherions pour de nouveaux traitements).

Alors, à vous de vous faire votre idée et non nous ne sommes pas « vendus » à quelque media ou plateforme que ce soit mais nous sommes vendus à une chose, oui, à la communication et son efficacité pour les annonceurs!

Et si on changeait la mesure d’audience TV ? L’ATTENTION PUBLICITAIRE est mesurable, TVision le fait (aux USA)

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La bataille de l’attention est engagée, encore faut-il la mesurer!

Questions

Vous êtes un annonceur ou ses agences (media, création) ?

  • Quelle est la part de votre cible qui a porté attention à votre publicité ?
  • Quelles sont les émissions qui génèrent le plus d’attention ?
  • Mon spot a-t-il de meilleures performances d’attention que les concurrents ?
  • Comment se construit l’attention des individus au fur et à mesure des diffusions du spot ?

Vous êtes un directeur d’antenne ?

  • Comment se construit l’attention des individus au fur et à mesure des diffusions des diffusions des  bandes annonce programme ?

Obtenir les réponses à ces questions est une utopie ? Non une réalité, TVision fournit les réponses.

Comment?

La mesure de l’attention ?

Vous prenez le meilleur de ce qui est appelé la « computer vision science »

  • Skeleton tracking pour détecter une silhouette, donc une présence (comme le Kinect de Microsoft)
  • Face tracking pour connaître l’orientation de votre visage
  • Facial recognition pour savoir qui regarde
  • Eye tracking pour savoir ce que vous regardez

Ces mesures PASSIVES se font via une caméra spécifique TVision sur le(s) poste(s) TV dans des foyers.

La mesure de la diffusion ?

Ce qui est diffusé est détecté par le son du programme en fingerprinting (empreinte unique du programme) et comparé à une base de diffusion existante.

Auprès de qui ?

Aujourd’hui dans 8 grandes zones (Atlanta, Boston, Chicago, Dallas, Los Angeles, New York, Philadelphie, Seattle), 7 500 individus de foyers volontaires (11 500 en fin d’année 2017). TVision est aussi installé à Tokyo

Leur intimité est préservée car aucune image ou vidéo ne sort de chaque foyer, seulement des 1 et des 0 qui sont traités chez TVision.

Les indicateurs ?

La mesure d’audience de la Télévision en France aujourd’hui (et dans de nombreux pays) est « la présence dans la pièce où le poste est allumé ». On enregistre donc une Occasion De Voir (ODV), Occasion To See en anglais (OTS) et non une vision réelle.

Pourquoi alors ne pas compléter l’information à partir de la séquence suivante:

  • Durée du programme – Available Program Time
  • Durée du programme écoutable (le poste est allumé, le son est actif sur le programme) -Program Tune Time
  • Occasion de Voir (Individu présent et détecté pendant que le poste est allumé, le son du programme actif) – Person In View Time.
  • Regard sur le programme (via l’Eye tracking) – Eyes on screen time

On peut alors calculer :

  • Un indicateur de visibilité par programme (durée de présence de l’individu dans la pièce / TV allumée et son actif sur le programme)
  • Un indicateur d’attention (durée du regard sur le programme / durée de la TV allumée avec le son actif sur le programme))

Un cas?

 

Mc Donald’s au Japon en 2016 a constaté que la corrélation entre ses GRP TV et sa notoriété était de plus en plus faible (0.17). Après analyse des résultats d’attention de TVision et des GRP classiques, Mc Donald’s a fait modifier son media planning et a vu cette corrélation progresser très significativement.

Depuis Mc Donald’s

  • utilise l’indicateur d’attention comme KPI (indicateur de performance)
  • utilise l’indicateur d’attention comme indicateur de media planning pour maximiser la notoriété
  • demande à son agence media de comparer ses performances d’attention par rapport à ses concurrents

Des clients ?

  • ESPN, The weather Channel, Turner pour les diffuseurs
  • Procter, McDonald’s, Mars, Dunkin Donuts… pour des annonceurs

Quel que soit le coté (Diffuseur ou annonceur), ces indicateurs ne remplacent pas la mesure officielle (Nielsen) aux USA qui fait consensus depuis des années, mais ils les enrichissent dans le sens d’une plus grande efficacité grace à une meilleure compréhension des phénomènes via plus de qualitatif.

Conclusion

Il est intéressant de voir qu’avec la notion de visibilité, la mesure TV se rapprocherait du Web (nous reviendrons sur ce sujet).

Soyons pragmatique, le propos n’est pas de souhaiter le remplacement de la mesure d’audience de la TV (désolée pour le titre de cet article !) pour basculer vers un système de ce type.

Mais, pourquoi ne pas traiter le problème de façon « qualitative » sur un petit échantillon, voire une zone test, de façon à fournir les moyens,

  • aux diffuseurs, de faire un marketing antenne plus pertinent
  • aux annonceurs, d’être plus efficaces dans leur communication (création et media) donc plus rentables
  • aux agences media, de faire valoir leur expertise

Alors, les sociétés d’études qui s’y met ? Mediametrie ? Kantar ? Ipsos ? GfK ? Marketing Scan ? Iligo ? …

Nous connaissons la réponse de nombre d’entre elles  : « Qui finance ? »  Et? c’est comme cela que la France est devenue un petit pays dans le domaine des études (notre avis). Beaucoup de choses se passent aux USA, en Grande Bretagne, voire en Australie (pour ceux qui n’ont pas encore lu le billet sur la mesure d’attention en Australie, cliquez ici), là où il y a encore un peu d’argent pour avoir des vraies réponses à de vraies questions et faire gagner beaucoup d’argent aux annonceurs.

Merci à TVision pour les informations et les images fournies.

Pour ceux qui s’intéressent à l’attention,  voir ici  et ici.

Comment la TV australienne « défonce » YouTube et Facebook!

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La publicité TV a un effet plus fort sur les VENTES à court terme que les pubs vidéo de Facebook et de YouTube car elle attire plus l’attention des individus et a une meilleure « couverture écran ».

En quelques mots, les résultats d’une superbe étude réalisée par Karen Nelson-Field pour le compte de Think TV (l’association des TV australiennes) et présentée fin août 2017.

Pourquoi une superbe étude ?

Une étude comme on n’en fait pas (plus ?) en France (Qui a du budget ?).

Un grand échantillon de 2 583 australiens volontaires pour être équipés de systèmes modernes de mesure (Face tracking, Eye Tracking) sur tous leurs écrans (TV, mobile, PC, tablette) et, où une application multi-écran capte leur exposition publicitaire et son environnement de diffusion (18 219 publicités vidéo) de façon complètement passive (sans les biais de constitution d’un laboratoire pour maîtriser les paramètres d’une expérience). A ceci, vous ajoutez de l’Intelligence Artificielle (machine learning) pour analyser la donnée, un magasin virtuel pour mesurer les ventes (38 745 marques), et vous avez les premiers résultats de « benchmark studies ».   RESPECT !

Quels résultats ?

Avant de vendre, il faut attirer l’attention et qui attire le plus l’attention de façon active ? la Télévision.

La mesure active est mauvaise pour Facebook mais l’on n’y vient pas, a priori, pour voir des vidéos mais voir « ses amis ».

La vision active est mesurée par le fait que le regard est posé sur la publicité, la vision passive est le regard sur l’écran mais pas sur la publicité, la non vision est tout simplement que l’on ne regarde pas l’écran même s’il est allumé.

vision active et attention

Pourquoi l’attention est importante ?

Il y a une relation entre attention et ventes. Et qui à l’effet ventes le plus fort ? La télévision

corrélation attention et ventes

Et qui à l’effet ventes le plus fort ? La télévision

efficacite vente des reseaux

Pourquoi ? Et si on parlait de taille : la couverture écran

La part de publicité, la surface occupée par la publicité par rapport à l’écran que l’on a en face de soi, semble être un paramètre important. La couverture écran de la TV à un instant t, dans un écran publicitaire, est de 100%. Elle beaucoup plus faible, par nature, pour Facebook et YouTube.

couverture ecran et reseaux

Et comme, on l’a vu plus haut, l’attention est corrélée aux ventes, si la couverture écran a un impact sur l’attention, la boucle est bouclée. Et c’est le cas !

vision active et couverture ecran

A ceci s’ajoute un point très intéressant sur l’application des standards du MRC (nous reviendrons sur ce sujet dans un autre article).

La convention américaine (donc internationale) établie par le MRC est : une publicité vidéo est considérée comme facturable, si 50% des pixels sont visibles à l’écran pendant 2 secondes consécutives.

L’étude australienne montre qu’avec la norme du MRC, les publicités sur YouTube et Facebook ont un effet sur les ventes (tant mieux), mais que si l’on va plus loin (100% de pixels ou plus de 2 secondes), l’impact est beaucoup plus fort.

effet norme MRC

Alors pourquoi rester avec un tel standard ?

En Australie, le durcissement des règles aboutirait à une réduction drastique de l’inventaire publicitaire pouvant faire l’objet d’une vente de la part de ces 2 sociétés.

inventaire et norme MRC

Quels bémols ?

Comme il se doit tout n’est pas dit dans cette étude, ni sur la méthodologie ni sur les résultats.

  • Les résultats sont très en faveur de la TV mais l’étude est commandée, on le rappelle, par l’association des télévisions australiennes (Think TV).
  • Les résultats montrés pour Facebook sont-ils ceux du mobile ou de la version PC ? Selon Facebook Australie, cette étude, dans cette étape, ne montre pas de résultats sur mobile. Think TV annonce une seconde étape avec le mobile.
  • Un regard posé sur une publicité en Eye Tracking pendant combien de temps pour signifier « vision active ».
  • La mesure des ventes via le STAS (Short Term Advertising Stength) peut faire l’objet de discussions infinies et nous renvoie à des travaux faits en 1995 par JP Jones (l’application en France avait été promue par Marketing Scan, entre autres).

Pour voir la vidéo de l’intervention de Karen Nelson-Field (descendez un peu quand vous êtes sur la page)

Pour voir la presentation en pdf

 

L’attention: Que voit Larry Page? la mesure dans tous ses états (3-1/4)

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Dans notre premier article sur l’attention, on a vu l’importance de ce critère dans un contexte de forte charge publicitaire comme aujourd’hui. Le deuxième article mettait en avant une définition de l’attention:

on est dans l’esprit de l’individu, 

qui peut être actif ou passif,

 conscient ou inconscient, 

tout ceci fonctionnant par niveau

Avec ces éléments de définition, on retrouve tout ce qu’exprime Guy Tiberghien, en montrant comment les sciences cognitives, l’attention en fait partie, sont au confluent de la psychologie, des neurosciences et de l’intelligence artificielle (IA).

sciencescognitives

On voit bien que cette confluence crée un champ énorme de mesures de l’attention: interrogation d’individus, observations de ceux ci, d’un élément du corps de ceux-ci, par un humain ou des détecteurs, des capteurs,…

Nous allons commencer, dans cet article, par les neurosciences, sujet très à la mode, mais moins que l’intelligence artificielle! 

Les neurosciences recouvrent tout un ensemble d’approches et de techniques et nous allons en voir quelques-unes.

Eye Tracking

A la question « que voit Larry Page », le co-fondateur de Google, la réponse est dans l’image ci-dessous.

Larry Page, comme tout être humain, a une vision fovéale c’est à dire qu’il ne voit vraiment qu’une petite surface de façon précise, le reste est soit dans un flou artistique soit carrément pas vu.

VISION FOVEALE

 

L’Eye Tracking, c’est « tout simplement », regarder l’œil d’un individu pour voir comment il bouge et si vous enregistrez, en même temps, ce que l’individu regarde, en collant les 2 ensemble, vous savez ce que l’individu voit et comment il le voit. 

L’Ete Tracking vous donne alors:

  • les cartes de chaleur (les endroits où le regard des individus est passé, plus c’est rouge plus la zone a concentré de regards),

HEATMAP SNCF

  • les parcours de lecture (où le regard se pose en premier en second, … ),

SNCFJ PARCOURS

  • les durées par fixation (combien de temps les regards se sont arrêtés dans telle zone),…SNCF DUREE

 autant de métriques qui aident à identifier ce qui a attiré l’attention d’un individu sur une page web, une publicité, un événement sportif  … en plus de dire ce qu’il a vu, dans quel ordre, pour revenir à quoi…

Ce qui donne en synthèse (un beeswarm, chaque point représentant un individu) de cette publicité TV ancienne pour TGV (source: présentation CSA aux Universités d’été du SNPTV 2009) qui, d’un point de vue Eye tracking, avait une faiblesse sur la présentation du logo TGV (cf vidéo ci-dessous)

Ci-dessous, les parcours du regard de plusieurs individus, les uns à la suite des autres, avec la présence d’une « pollution visuelle » (source: étude Havas Media/Havas Sports/Miratech présentée au Sportel 2007)

Les exemples cités sont volontairement anciens pour ne léser personne.

Les matériels et logiciels d’Eye Tracking font de constant progrès en qualité de détection (meilleures caméras), de précision, de restitution et change même de nature physique car on peut aujourd’hui utiliser, de façon précise, de l’Eye Tracker porté (mobilité), faire de l‘Eye Tracking sur des smartphones (plus précis)… Je vous renvoie aux nombreux exemples mis en avant par le leader mondial du domaine, la société suédoise Tobii.

D’un point de vue publicitaire, l’Eye Tracking peut être utilisé sur tout, ou presque, que ce soit les supports ou les créations.

Dans les faits, il est mis en oeuvre dès que l’on parle de jeux vidéo, d’appli mobile, de sites web, d’UX design (User eXperiment design, design de l’expérience utilisateur) ou d’UI design (User Interface design, design d’interface utilisateur), où son utilisation est indispensable pour éviter les erreurs de conception, de navigation, d’ergonomie…

Mais, finalement, on en parle peu pour la publicité sur ces sites web en format bannière ou sur mobile ou dans ces jeux vidéo même si ça a été fait de temps en temps dans ce dernier cas. Cela s’explique facilement pour les bannières web car le coût de création est dérisoire et il est plus intéressant de tester des centaines de version créative sous forme d’A/B Testing pour avoir, en même temps, l’action créative et son efficacité.

L’affichage l’utilise pour montrer l’intérêt du média soit sous sa forme totems en centres commerciaux ou encore en affichage digital, le DOOH (digital out of home signage) en Grande Bretagne,  les prospectus, pour relier efficacité du média et clés de construction créative de ceux-ci (livre blanc de Mediapost Publicité à partir de la page 43) et l’on pourra trouver de nombreux tests sur des créations presse.

Pour un spot TV, c’est moins évident car on peut vouloir 2 choses:

  • soit l’on veut quantifier et il faut arrêter le film, choisir une ou plusieurs images pour effectuer le comptage. Alors quelle(s) image(s) prendre car selon l’image de référence les choses peuvent changer, et plus on prendra d’images plus le coût de traitement et d’analyse sera élevé,
  • soit on veut juste qualifier, le beeswarm (exemple du spot TGV)suffit alors mais le coût de mise en place devient hors de proportion vs le rendu. Et bien souvent, le film n’est prêt qu’au tout dernier moment ceci ne laissant plus de marges de manœuvre pour le tester et le modifier.

Bon, alors cela veut-il dire que tout ce que nous venons de vous raconter ne sert à rien d’un point de vue publicitaire et de l’attention publicitaire?

NON car déjà tous les exemples mentionnés ont fait progresser la connaissance sur tel ou tel média, sur ses clés créatives, et aussi, car l’Eye Tracking a permis, et permet toujours, de mettre en relation l’action que vous effectuez avec la réaction de l’individu, donc l’efficacité de ce que vous montrez quelle qu’en soit la forme.

On verra dans le chapitre 4/4 sur l’attention, quelles règles, enseignements, on peut tirer de l’eye tracking d’un point de vue publicitaire. Mais, d’ici là, vous aurez un article sur la mesure d’attention via EEG, EMG…

Ah, derniers points:

  • en français Eye Tracking se traduit par Oculométrie
  • si Larry Page pouvait regarder mon blog 🙂