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Dernière conférence avant « la grande bascule » Jardins Ouverts Jardins Clos PetitWeb (compte rendu partial et partiel)

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La grande bascule était un titre prémonitoire choisit par Geneviève Petit pour sa matinée du 12 mars 2020 dans l’auditorium de La Poste.

Elle parlait de la grande bascule vers l’inconnu pour le monde publicitaire avec la disparition annoncée des cookies et quelques jours après la grande bascule se produisait vers l’inconnu pour le monde entier…

Cela parait alors dérisoire de parler d’un événement quand tout est annulé et notre vie est profondément bouleversée mais nous le faisons quand même!

Comme pour les éditions précédentes, nous allons attribuer quelques prix.

Grand prix de la clarté (mais pas toujours facile à résumer) : Etienne Drouard (Avocat associé Hogan Lovells)

attention il y a ce prix ex-aequo (cf Mathieu Roche)

La question était : la CNIL exagère-t-elle ? la réponse fut très claire : OUI (Ici le résumé est facile à faire !)

Pour mémoire, la CNIL a publié des directives extrêmement restrictives relatives aux cookies. Selon E Drouard, la CNIL impose des choses comme « accepter, refuser, retirer » un cookie qui ne sont pas dans la réglementation européenne. Le droit de refus serait ainsi créé par la CNIL. Elle outrepasserait alors ses droits qui sont de faire imposer les lois et non d’en inventer les lois. En septembre 2019, 9 associations interprofessionnelles du monde publicitaire (GESTE, SRI, UDECAM, UDM…) ont déposé, via E Drouart, un recours auprès du conseil d’Etat sur le sujet. Le second scoop de la conférence a été que, dans la nuit précédente, la fixation d’une seconde séance d’instruction avait été annoncée. Ceci annonce un jugement par l’assemblée plénière du Conseil d’Etat ce qui est peut courant, voire unique en la matière. Bonne nouvelle à venir ? On croise les doigts !

Mais, au fond, pourquoi se démener dans une bataille qui, de toute façon, est déjà perdue avec les annonces faites par les GAFAM, et notamment Google (après Apple, Firefox…) quant à la disparation programmée de ce petit artefact qui permet aux jardins ouverts (le reste du monde publicitaire) de vivre encore ? Une bonne réponse d’E Drouart (comme d’habitude !) :

« le cookie est liquide, c’est un « support de valeur » indispensable comme le sang ou l’air même s’il est pollué,

on n’a pas encore trouvé d’ersatz »

Sa seule alternative aujourd’hui c’est l’univers loggé qui tombe souvent dans les jardins clos.

On parle quand même d’une division par 5 des volumes de données donc d’un enjeu économique certain pour le monde publicitaire.

Prix de la plus belle progression : Fabien Magalon, DG Alliance Gravity

CA en hausse de 160% ! C’est certain qu’en partant de rien, il est facile d’afficher de belles performances, mais nous ne pouvons que saluer, comme le dit F Magalon,

« cette superbe aventure, un projet intrapreneurial, une ambition folle, une matière première unique ».

Aujourd’hui Gravity est regardé, copié (UK, Espagne) et devient le précurseur en alliance media et modèle économique.

Gravity a une offre de ciblage âge et genre avec de belles performances. Ex : femmes 25-49 ans, 72% de couverture (80% chez les Gafam) quand la moyenne du marché est d’environ de 30%.

La disparition du cookie est aussi un sujet fondamental pour Gravity. Il anticipe 2 phases.

  • La première aura lieu début septembre avec la mise en conformité des nouveaux CMP (cf CNIL) donc une division de 3 à 5 des volumes. Gravity s’y prépare en imaginant du marketing prédictif où les cookies restants servent de mega panel pour projeter des informations sur les nouveaux cookies.
  • La seconde aura lieu du fait de Google (cf SRI) avec la disparition des cookies et là aucune solution en vue. Que deviendra le marché et donc Gravity avec…

Autre grand prix de la clarté ex-aequo: Mathieu Roche (CEO ID5)

Il a le don de choisir des exemples simples, des images parlantes pour faire comprendre à son auditoire des choses complexes. Un seul défaut, il parle vite donc il n’est pas toujours aisé de le retranscrire !

Les 3 piliers de la publicité digitale ce sont : le capping, l’attribution, le ciblage. Ces 3 piliers sont basés sur les cookies. Rien que pour le ciblage, la disparition des cookies signifie une perte de CA entre 50% et 75%. Alors les solutions ? Les cohortes que proposent Google, à voir ce n’est pas complètement destructeur ou des solutions comme celles que Mathieu Roche, ou ses concurrents, proposent : un identifiant first party fournit aux éditeurs avec lequel on peut faire des choses. Son crédo est d’ailleurs de dire aux éditeurs,

« testez-nous ou nos concurrents, avancez car seule l’adoption créé le standard. Il faut une masse critique d’acteurs et d’adoption pour parler une nouvelle langue et recréer de l’oxygène pour l’industrie! »

Dans la même table ronde, Frédéric Grellier (COO Weborama) a insisté sur le fait de participer à tous les travaux mis en œuvre ou toutes les initiatives qui voient le jour (GITHUB, W3C…) pour imaginer ce monde sans cookies.

 

Le prix du scoop : Arnaud Monnier DG platforms & partners Google

On l’entendait très mal (la visioconférence ne marchait pas très bien) mais, à 12H34, il a

  • reparlé de l’appel de Google aux professionnels du digital à venir contribuer à la recherche de nouvelles solutions pour un monde sans cookies, et confirmé ce que disait Frédéric Grelier que ça ne répondait pas beaucoup
  • et dit que si l’on ne trouvait pas de solutions avec le marché, Google garderait les cookies !!

Avons-nous bien entendu? Geneviève Petit nous a confirmé qu’elle avait entendu la même chose. Incroyable! Laissons passer la pandémie pour y voir plus clair.

Prix du graphique qui tue : Geoffrey La Rocca , DG, Robert Dupuy, VP engineering, Teads

On est peu de choses…

 

Prix du meilleur slogan, Hélène Chartier, SRI, en lieu et place de sa présidente Sylvia Tassan Toffola qui était (déjà) confinée.

« 2020 la publicité digitale entre le marteau et l’enclume entre les directives CNIL et l’annonce de Google pour la disparition du cookie début 2022 »

A ceci on peut ajouter une jolie formule

« tracer n’est pas un vain mot ni un gros mot !! »

Prix des droits de l’homme : Cécile Ribour, directrice de la communication de la MAIF

La MAIF repartit ses investissements a 60% vers les GAFAM contre 40% pour le reste. Sa Question est de trouver un équilibre pour lutter contre la dépendance. La question n’est pas nouvelle. MAIF travaille sur des campagnes de publicité sur la protection des données individuelles. Mais la nouveauté est que la MAIF s’est associée avec le département « droits de l’homme » de l’université de Stanford pour trouver un modèle de gestion de données éthiques. A suivre !

Prix d’une très bonne conclusion : Sybille le Maire, Directrice Executive, Bayard Presse

Nous pensons depuis plusieurs années, et nous avons fait un ptit dej IREP sur le sujet, que l’évolution démographique que nous vivons (le vieillissement de la population) est un changement majeur dans toutes nos sociétés.

Pour Sibylle Le Maire c’est la prochaine grande bascule du marché. Elle a raison !!

Un chiffre choc : il y a 28 ans à la création du magazine Notre Temps, le temps passé à la retraite était de 7 ans quand aujourd’hui il est de 28 ans !

Le groupe BAYARD a créé un club de réflexion sur le sujet avec des grandes entreprises « le club Landoy » pour repenser collectivement l’approche que l’on a de la vieillesse et de toutes les transitions qu’il va falloir faire. Ce club a d’ailleurs initié une grande étude sur le sujet, 192 questions 4000 répondants.

Affaire à suivre !!

Il est d’ailleurs intéressant de constater que les 2 populations extrêmes en termes d’age sont étudiées en profondeur par 2 media, les jeunes avec 20 minutes, les vieux avec Bayard

Prix du « jemenfoutisme » qui pourrait s’appeler « je fais ma pub et je me fiche du reste »

Nous ne donnerons pas de nom comme à chaque fois que quelque chose ou quelqu’un nous énerve. Quand on vient de Luxembourg exprès pour nous parler d’un sujet fort comme la grande alliance des media en Allemagne et que l’on passe 14 minutes (sur 15) à nous vanter la beauté et l’intelligence de son groupe pour expédier le sujet en 1 ou 2 slides, c’est se tirer une balle dans le pied. Une fois de plus, quelqu’un qui n’a pas compris que c’est en donnant quelque chose que l’on reçoit plus.

Dans les mots ARTERIEL ou RATELIER vous pourrez trouver le nom de sa société (superbe groupe par ailleurs !)

De nombreuses autres interventions valaient le coup, mais notre compte rendu est partiel, nous ne parlons donc pas de tout ce qui a été dit autour de la TV Connectée par exemple.

 

Prenez tous soin de vous pour que l’on ait,

de nouveau, tous ensemble,

de chouettes conférences !

Retour sur le « FUNGATE »: la mesure d’audience de la radio en France est obsolète.

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FUNGATE

Prise littéralement, cette expression est porteuse de plaisir et donne envie d’en savoir plus, hélas, la vérité n’a rien de fun et la porte qui s’est ouverte est celle des prétoires…

Bruno Guillon, animateur de la matinale de FUN RADIO aurait demandé (plus de 100 fois en quelques mois) à ses auditeurs de faire de fausses déclarations (« déclarez FUN ») à Mediametrie si jamais ils étaient interrogés par cet institut pour donner leur écoute de la radio.

Ses auditeurs lui ont obéi, la station a doublé sa durée d’écoute dans la dernière période disponible.

Cette affaire, qui a agité le paysage media depuis juin, a trouvé sa conclusion,le 21 septembre 2016, avec la condamnation de la station en question, entre autres.

Ceci met en évidence 4 points:

  • d’un point de vue médiaplanning: la répétition d’un message ça marche!
  • d’un point de vue contractuel: les juristes n’écoutent pas leur propre station, sans cela ils auraient arrêté rapidement l’animateur car il violait une clause contractuelle explicite entre la station et Médiamétrie.
  • d’un point de vue annonceur: la radio est efficace. On a un exemple typique d’action et réaction qui met en avant l’efficacité du media, s’il était nécessaire de le prouver encore.
  • d’un point de vue mesure: la mesure de la radio est obsolète.

Oui, elle est obsolète, quand on voit qu’un animateur, seul, peut influer sur les résultats dits d’audience et donc bouleverser un paysage média et remettre en cause des investissements d’annonceurs.

Alors, l’étude 126 00 radio est-elle vraiment une mesure d’audience (interrogation téléphonique de 126 000 individus, 13 ans & +, de septembre à juin sur leur écoute radio des dernières 24H00)?

 Non, c’est un mix entre une mesure d’habitudes et une mesure d’audience.

  • OUI, quand il y a des gros événements médiatiques on voit les chiffres bouger. C’est de l’audience!
  • OUI, quand une grille radio change, on voit les chiffres évoluer dans un sens ou l’autre. C’est de l’audience!
  • OUI, quand on jongle dans sa voiture avec les boutons de ses stations préférées, on oubliera d’en déclarer certaines. C’est une mesure d’habitudes!

A l’heure du numérique, où, par exemple, rien n’est plus facile que l’infidélité, doit-on avoir un media mesuré de telle façon? NON

D’un point de vue technique, les solutions existent!

C’est la mesure passive, où l’on mesure le comportement réel des individus (et non du déclaratif) grâce à un appareil qui enregistre (24/24/ 7/7)  le son autour d’eux.

Ce type de dispositif n’est pas une nouveauté:

  1. Il suffit de voir le nombre de pays qui ont basculé en mesure passive, le dernier en date est les Pays Bas. Vous pouvez cliquer ici vers le tableau du RAJAR, l’organisme qui gère l’audience de la radio au UK. Ce tableau date un peu (Pays Bas et Italie pas à jour) mais fait le point sur qui mesure, comment, et où dans un certain nombre de pays.
  2. Le système du port d’un pager de la société Arbitron a été testé au début des années 2000 par Mediamétrie en France et les résultats avaient été montrées de façon détaillée aux stations et de façon agrégée aux annonceurs et agences media (les radios musicales, les radios généralistes…)
  3. En 2012, lors d’un séminaire media de l’IREP, IPSOS (Jim Ford et Bruno Schmutz) présentaient « Mediacell, the smart measure » (audience mesurée via smartphone) et Médiamétrie (Arnaud Annebicque),  « la mesure automatique individuelle portée: avancement et perspective » (audience mesurée encore via un pager…).

Bon, alors, nous sommes en 2016 et rien n’a bougé, si ce ne sont des chiffres parce qu’un animateur a fait ce qu’il n’aurait pas du faire.

Pourquoi, rien n’a bougé? Un premier élément de réponse simple: qui dit changement de mesure dit changement de résultats et les principaux acteurs savent que le business publicitaire sera de facto modifié. Les rapports de force changeront, la façon d’acheter le media devra changer aussi. Il y a d’autres éléments de réponse mais ce sera pour une autre fois!

Tout ceci fait peur à un certain nombre d’acteurs publicitaires actuels, ce qui peut se comprendre, mais, de toute façon, ils seront obligés, à un moment ou un autre de le faire, car quand tout se digitalise, la radio ne peut être LE media à rester dans son coin.

Et vous, Mesdames et Messieurs les Annonceurs, vous n’aimeriez pas connaître les véritables comportements des auditeurs pour être précis et justes dans ce que vous faites acheter ?

Bon je retourne écouter

tsf-jazz

Retour sur l’enquête des annonceurs US vs agences media

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Nous avons parlé ici, plusieurs fois, de ces enquêtes lancées par l’ANA (Association of National Advertisers) aux USA sur « la transparence » dans l’industrie publicitaire (is the torchon burning?)

La sortie, en juin, des 2 rapports commandés n’avait pas conduit à de la prison pour qui que ce soit , fort heureusement, mais les grands groupes de communication étaient vivement montés aux créneaux (the torchon was a little bit wet!).

Alors, 3 mois après, quoi de neuf?

 Dans DIGIDAY UK de juillet, Bob Liodice, le Président et CEO de l’ANA, était très heureux de pouvoir disposer de « guidelines » pour les contrats annonceurs et agences media et était convaincu, que les agences étaient prêtes à discuter sur le sujet de la transparence. Il avait parfaitement conscience que ces discussions pouvaient prendre entre 6 mois et 6 ans!

Au passage, il citait des cas où ce sont les annonceurs qui doivent balayer devant leurs portes comme

  • celui qui met des délais de paiement à son agence de 180 j (6 mois) et qui fait donc payer son achat d’espace par son agence media ,
  • ou encore, celui qui n’a pas ouvert son contrat depuis 5 ans (à l’échelle temporelle des media, c’est le crétacé!).

On peut mentionner aussi, venant du rapport d’Ebiquity (allez le télécharger si ce n’est déjà fait), que les grands annonceurs ont bénéficié d’une industrie non transparente en demandant des conditions financières en dessous  de la normale et/ou en faisant des compétitions très fréquentes (2 fois en 5 ans pour Unilever) pour reconduire les mêmes entreprises au final mais avec, fort probablement, des conditions financières encore plus « attractives ».

La pression des clients sur les prix a, surement, exacerbé les pratiques non transparentes des agences media (ça va faire plaisir aux agences une telle phrase!)

Il était aussi mentionné que les annonceurs doivent vraiment suivre les choses plutôt que se cacher derrière la complexité des process (une des recommandations est d’ailleurs de recruter un coordinateur media alors qu’il y en a de moins en moins!).

Même si tous les media ont été cités dans le rapport (sauf la radio me semble-t-il) pour pratiques non transparentes avec les agences, l’accent a été mis surtout sur le digital avec en tête les trading desk et les frais techniques.

Quelles solutions alors?

  • Internaliser les trading desk? C’est ce qu’ont fait, depuis quelques années, les annonceurs suivants, Procter, Unilever, Kimberly-Clark, Kellogg, L’Oréal, Walmart, Target entre autres (Air France dans notre pays, voir le compte rendu de l’université organisée par Audience Square).
  • Faire des revues technologiques comme Unilever a pu le faire (4500 sociétés) pour sélectionner ses fournisseurs sans se reposer sur les partenaires proposés par ses agences.
  • …?

Ces actions sont bonnes pour les grands annonceurs mais les autres?

Ce sujet n’a pas fini de revenir dans l’actualité.

Une autre information intéressante, l’étude sur les conditions financières de l’achat media en Grande Bretagne est sortie fin août, il en ressort que la satisfaction des annonceurs vs leurs agences media  a baissé mais les rémunérations augmentent à la fois du coté agence de publicité et du coté agence media.

Vivement que l’UDA publie l’édition 2016 de son enquête sur la rémunération des agences pour savoir ce qui se passe en FRANCE!

The torchon was a little bit wet!

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J’ai trop tardé pour l’envoi de l’article précédent « Is the torchon burning? » car le rapport ANA est sorti, ce jour, en voici les  principales conclusions et recommandations.

Soyons rassurés, pas de prison!

On est bien dans un bras de fer annonceurs / agences aux USA, sans que cela aille trop loin! (tant mieux d’ailleurs)

Conclusions venant du rapport de la société K2 (celle qui enquête sur la corruption)

  • Des rabais sont faits par les régies aux agences media avec des paiements basés sur les investissements publicitaires réalisés dans ces régies (j’utilise le terme régie pour le terme américain mentionné, media). Les annonceurs interviewés par K2 n’ont pas reçu ces rabais et n’étaient pas au courant d’un éventuel retour de ces rabais pour eux.
  • Les rabais ont la forme de crédits sur de l’espace publicitaire gratuit
  • Les rabais qualifiés « d’accords de prestations » (service agreements) dans lesquels la régie paye l’agence pour des services non media comme des études ou des services à faible valeur ajoutée (pas gentil!), sont souvent liés au volume investi par l’agence media dans cette régie. Ces services sont « utilisés pour cacher des choses qui sont essentiellement des rabais ».
  • Les marges (markup), réalisées sur l’achat aux régies, seraient situées entre 30% et 90% et les acheteurs des agences media seraient, parfois, sous pression ou incentivés par la holding de leur société pour diriger les achats des annonceurs vers les régies les plus profitables que ce soit ou non dans l’intérêt de l’annonceur (un mediaplanning non objectif alors?).
  • Des grilles tarifaires doubles où les agences et leurs holdings négocient des taux avec les régies de façon séparée (si je comprends bien, c’est l’équivalent d’un rasoir à 2 lames).
  • Des pratiques business non transparentes sur le marché américain provenant d’agences ayant des participations dans les media (aux USA, j’ignore qui possède quoi, si vous le savez n’hésitez pas à commenter!)

Recommandations venant des sociétés Ebiquity et FirmDecisions (j’avais omis cette dernière)

Le rapport complet de ces 2 sociétés sortira dans quelques semaines, les recommandations s’adressent aux annonceurs.

  • Réexamen de tous les contrats avec les agences media avec une revue méticuleuse de tous les termes et conditions. Utilisation, quand c’est approprié, d’un expert indépendant pour optimiser la transparence, l’amélioration des rapports et des données et, si nécessaire, élargir les droits des audits (publicité pour les sociétés d’audit comme Ebiquity!).
  • Formation du management en charge des media particulièrement dans les domaines contractuel et du management de la filière de l’achat digital (pas sympa pour les annonceurs, « vous n’y connaissez rien »).
  • Confirmation et réaffirmation de la base sur laquelle l’agence media conduit votre business media. Soyez constructif et clair sur le rôle de votre agence media « Be critically clear and comfortable with the agency’s role as agent and principal » (désolée je ne comprends pas cette histoire d’agent et de principal, n’hésitez pas à m’expliquer!). Assurez-vous qu’il n’y a pas de conflits d’intérêts et que les processus mis en place sont clairs pour résoudre facilement des conflits qui pourraient émerger.
  • Assurez-vous que les termes des contrats vous permettent de suivre l’argent grâce à une comptabilité complète de ce qui est investi par l’agence media. Il est recommandé que l’audit ne se limite pas à l’agence media mais aille aussi à la holding ou à n’importe quelle société qui touche à votre business (là, ça peut coincer…)

 

Is the torchon burning ? que se passe-t-il entre les annonceurs et leurs agences?

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Le 25 mai 2016, parution d’un article du Business Insider UK

« An explosive report on kickbacks in the ad industry is coming out next month and some say it could lead to ‘jail time‘ ».  

Les mots sont forts dans ce titre

« Un rapport explosif sur les pots de vin dans l’industrie publicitaire va sortir dans le prochain mois

et certains disent que cela pourrait conduire à la prison« 

(Bigre!). Même si l’on n’est pas familier de l’industrie publicitaire, c’est un titre qui attire l’œil sur ce qui se passe aux USA.

En synthèse, il y est dit les choses suivantes:

Les agences de communication disent à leurs clients que leurs budgets sont investis de façon honnête et transparente. Toute indication que l’argent serait investi dans des schémas qui ne bénéficieraient qu’aux agences serait … problématique. La pratique de rabais (kickbacks en anglais) concédés par telle ou telle régie à telle ou telle agence au bénéfice de l’agence est interdite aux USA.

Un ancien CEO d’une agence media, Jon Mandel, a proclamé, en mars 2016, que les kickbacks étaient toujours largement répandus et que c’était une des raisons qui lui faisait quitter ce métier. 

L’ANA, l’association des annonceurs américains, a commissionné 2 entreprises pour enquêter sur le sujet.

  • L’une est K2, dont les fondateurs viendraient du FBI, où l’argument de présentation est  » aider les clients à améliorer leurs opérations en mettant à jour les rabais cachés, les fraudes ou toute autre forme de corruption ». une chose importante, K2 montrera de possibles preuves sans mentionner qui et quelle société.
  • L’autre est Ebiquity qui procède, entre autres, a de l’audit media, autrement dit comment contrôler et/ou améliorer (éventuellement) les achats média effectués par les agences média pour les annonceurs .

3 scenarii sont envisagés:

  • le pire des cas: « des preuves de comportements criminels » et c’est là où l’on parle de prison en citant des cas précédents.
  • le scenario intermédiaire: les annonceurs et les investisseurs punissent les agences avec des baisses du cours des groupes de communication, des négociations annonceurs et agences beaucoup plus rudes que précédemment avec des armes supplémentaires dans les mains des annonceurs.
  •  le meilleur scénario: le rapport redit qu’il y a un profond manque de confiance entre les annonceurs et leurs agences, mais cela aidera à reconstruire des relations plus positives (moi, je parie sur ce scénario).

Tous les patrons des grands groupes de communication montent au créneau, le dernier en date étant Maurice Levy, Publicis, qui estime que ce futur rapport est une « attaque injustifiée sur l’ensemble d’un secteur«  en mettant en avant que, comme aucun nom ne sera cité, c’est toute une industrie qui sera mise sous l’opprobre (il a raison).

La grande revue américaine Adage enfonce le clou le 2 juin comme le Wall Street Journal .

Tout ceci n’est pas nouveau car évoqué dans l’Etude ANA 2012, dans celle de la WFA en 2014, et Pierre-Jean Bozo, DG de l‘UDA, l’Union Des Annonceurs en France,  en a même parlé lors des rencontres UDECAM sur la révolution programmatique le 25 mars 2014 .

Ceci nous renvoie à la loi Sapin de 1993 qui s’intitulait « Loi relative à la prévention de la corruption et à la transparence de la vie économique et des procédures publiques ». Là encore, des mots forts.

Sur Wikipedia, il est écrit « qu’elle visait notamment à:

  • éclaircir les comptes des partis politiques
  • réglementer les prestations de publicité (elle limite les agences média en leur interdisant le cumul sur les achats d’espaces de leurs clients. Cette loi les oblige ainsi à se diversifier avec des études et du conseil).
  • réglementer l’urbanisme commercial,
  • réglementer les activités immobilières.
  • limiter la durée des contrats de délégation de service public (DSP) et instituer une procédure de publicité et de mise en concurrence préalable à leur signature. »

N’ayant pas vécu cette période, quand j’ai rejoint le milieu publicitaire, un acteur de l’époque m’a expliqué que le BTP et l’industrie de l’eau, qui étaient, paraît-il, les plus visés par cette loi, avaient su faire un bon lobbying pour atténuer la loi dans leurs secteurs. L’industrie publicitaire ne s’était pas regroupée pour faire front, et la loi s’est appliquée à plein. On a alors assisté à la transformation, entre autres, du métier de centrale d’achat d’espaces publicitaires en agence media, ou autrement dit, de l’achat en gros vers l’expertise media.

La loi Sapin 1 s’applique toujours et la transparence dans les relations financières entre agences media, régies, annonceurs est la règle.

Pourtant, ce que l’on voit aux USA, a été cité par Pierre-Louis Fontaine, patron du digital et de la data chez Ford France que nous avons repris il y a quelques semaines dans notre article Parole d’annonceur sans langue de bois (boum). Il parlait bien de la France.

L’étude de l’UDA, il y a quelques années, sur la rémunération des annonceurs, parlait bien de soucis liés au digital, car c’est le digital qui a ré-ouvert en grand, la boite de Pandore, sur la transparence, et, à l’époque, les trading desks étaient montrés du doigt (vivement la prochaine étude).

La WFA a sorti le 7 juin un rapport sur la fraude digitale en annonçant, en hypothèse conservatrice , que la fraude digitale est susceptible de représenter plus de 50 milliards de $ d’ici 2025.

La loi Sapin 2 va bientôt sortir. Les annonceurs y attendent des précisions sur l’achat digital, les agences media ont du œuvrer aussi de leur coté.

En tous les cas, je ne puis que vous renvoyer à ce que j’ai déjà écrit sur le sujet du serpent qui se mord la queue.

Le torchon va-t-il brûler? L’étude ANA ne devrait pas tarder à être publiée.

Ça ne va pas arranger un des fondements dans des relations, la CONFIANCE. C’est triste.