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J’ai participé à la campagne municipale à Paris et…c’est fini

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Je me suis engagée, tard, le 21 novembre 2019, dans la campagne de Gaspard Gantzer (mouvement « Parisiennes Parisiens » (les PP, 2 000 membres dans l’ensemble des arrondissements parisiens). Je le connaissais depuis ses différents postes à la Mairie de Paris et lui avais proposé de l’aide pour les municipales via Facebook.

Descriptif de campagne

Pourquoi s’engager ? Pour un homme et/ou ses idées ? Les 2 !

Gaspard a publié en 2019 un livre « Nous autres Parisiens » qui détaillait et chiffrait son programme. Aucun autre candidat ne l’avait fait à ce moment-là et je trouvais que les idées étaient bonnes pour la ville. Tellement bonnes que les semaines passant, il était à la fois satisfaisant mais frustrant de voir que les autres candidats les reprirent (pillées ?) avec, par exemple :

  • Cédric Villani : le Grand Paris
  • Anne Hidalgo : la suppression du périphérique et la création d’une académie de police
  • Rachida Dati et Agnès Buzyn : propreté, sécurité

Quelle organisation, pour faire quoi?

Dans la vraie vie

Le mouvement a été créé il y 2 ans. Dans chaque arrondissement, une présence d’équipes faites de volontaires dévoués pour tracter sur les marchés ou faire du porte à porte avec la tête de liste de leur arrondissement. On ne dira jamais assez l’énergie et la volonté de toutes ces têtes de liste et de leurs bénévoles pour porter le message d’une liste ! De même, pour le candidat principal, Gaspard Gantzer, devant en plus, convaincre les uns et les autres de s’engager pour lui.

Nous avons vu apparaitre, petit à petit, les « concurrents » sur les marchés alors que les PP (parisiennes parisiens) y tractaient déjà depuis plusieurs semaines. Il est d’ailleurs intéressant de tous les observer sur les marchés du XVème (mon arrondissement) et de constater, de visu, que la palette des âges de la société n’est pas respectée par mouvement.  Que des jeunes chez les PP (j’étais la plus vieille des PP15 et de très loin !!) jusqu’aux plus âgés au PC ou au RN. Une conséquence de ces différences d’âge, il est difficile de faire lever des PP15 pour tracter sur les marchés (pas avant 11H00) quand les autres listes y sont pour certains dès 9H30 😊 !

A ces tractages ou porte à porte classiques dans une campagne, vous ajoutez une approche originale pour G Gantzer, les réunions d’appartements. Un membre réunit, chez lui, des amis. Gaspard fait un pitch et répond à toutes les questions que les participants peuvent poser.  Une bonne façon d’incarner la proximité et de s’informer pour les invités. En 2 ans, Gaspar a effectué près de 400 réunions d’appartement. On retrouve là une référence aux campagnes d’Obama sur l’idée de répandre (« spread») des idées depuis une base.

Les grèves des transports n’ont pas facilité, pour qui que ce soit, les divers tractages ou réunions, se rendre sur les lieux sélectionnés n’étaient pas toujours chose facile. Nous avons une pensée émue pour le tracteur habitant dans le XXème qui venait dans le XVème à vélo !

Dans la vie digitale

Un point de ralliement pour les membres, TELEGRAM. Tous les partis y sont, mais on ne se voit pas bien sûr ! L’aspect sécuritaire de Telegram l’emporte sur le fait que cette messagerie soit russe. L’application était organisée par boucle (des fils d’échange) avec, entre autres, une boucle générale, des boucles par arrondissement, des boucles par thématiques…

Et, bien sûr, une présence sur les réseaux sociaux (Twitter, Instagram et Facebook)

 Et de mon côté ?

On ne se refait pas, je m’étais portée volontaire pour analyser la sociologie de mon arrondissement, le XVème, à la fois sur le plan socio-démographique que politique (le plus grand arrondissement de Paris en nombre et en superficie, l’équivalent de la 10ème ville de France !).

On ne parlera jamais assez du bonheur des données en OPEN DATA à la fois du coté INSEE pour les aspects sociologiques et aussi du côté de la mairie de Paris pour les aspects politiques (vote par bureaux de vote).  Le tout étant de les mettre en musique le plus souvent au travers de cartes par arrondissement (un grand merci à celui qui m’a fait une formation express à QGIS, logiciel open source de cartographie) ! C’est passionnant et me renforce dans la justesse d’un vieux slogan « dis moi où tu habites et je te dirais qui tu es ! » (COREF, année 80 ?)

Un exemple les CSP- dans le XVème

Après ces « études », il faut aussi s’engager physiquement et j’ai donc tracté 3 fois (une première dans ma vie). Quels constats de cette très courte expérience surement non représentative ?

  • les gens sont gentils, globalement, le sourire et la politesse facilite largement les choses
  • l’omni présence des nez vers le smartphone qu’il faut faire lever
  • la forte présence des casques chez les moins de 40 ans qui ne facilitent pas la communication

Bilan d’une campagne

Ce bilan n’engage que moi.

Les moyens

Une campagne, ce sont des moyens financiers. L’argent est nécessaire pour imprimer des tracts et des affiches, réserver des salles, avoir un site qui tienne la route, faire du boitage (prospectus dans les boites à lettres) … L’argent est bien le nerf de la guerre et il est difficile à avoir quand on est un petit et très jeune parti politique. L’appel aux dons des militants est insuffisant et les fonds propres du ou des candidats ne sont pas illimités. Les partis politiques installés sont largement avantagés sur ce sujet.

On rappelle que les candidats qui réunissent au moins 3% des suffrages voient une partie de leurs frais de campagne remboursés par l’Etat mais n’ont rien quand ils n’atteignent pas cette barre.

La notoriété

Gaspard Gantzer a une notoriété nationale de 50% face à des candidats principaux anciens ministres (Dati, Griveaux, Buzyn) ou en place à la mairie centrale (Hidalgo) ou encore à la mairie d’arrondissement dans le XVème (Goujon). Même en ayant démarré il y a 2 ans, la notoriété du candidat principal n’a que peu ou pas augmenté. Le fait d’être un parti « non aligné » (ni droite ni gauche mais pour Paris) n’aide pas non plus quant au positionnement (la première question des individus qui prennent un tract : vous êtes de quel bord ?). Mais c’était le cas pour E Macron aussi !

L’importance des sondages

Les sondages sont un vrai révélateur de la santé d’une candidature. On peut les critiquer pour un scrutin parisien à 3 tours (les 2 premiers par le peuple, le 3ème par les conseillers élus de chaque arrondissement pour élire, à leur tour, le/la maire de Paris). On peut se rappeler que Nathalie Kosciusko-Morizet était donnée gagnante en 2014, elle avait obtenu plus de voix au 1er tour qu’Anne Hidalgo (34.8% vs 33.4%) pour échouer au final.

Les sondages sont le reflet de l’image du candidat et / ou du parti qui les porte.

A cet égard, les questions posées sont, à mon sens, légèrement biaisées. Elles mentionnent le nom du mouvement, du parti et le nom du candidat. Ex : « la liste « Paris en commun » soutenue par le Parti Socialiste et le Parti Communiste conduite par Anne Hidalgo », « la liste « Parisiennes, Parisiens » conduite par Gaspard Gantzer ». Pour être plus juste, la mention liste indépendante devrait être, a minima, indiquée.

Gaspard Gantzer se situait entre 1% et 2% et l’accélération de la campagne en tractages, rencontres, ou autres interventions n’a pas fait décoller quel que chiffre que ce soit.

Une conséquence importante de ces sondages, quand les intentions de vote sont basses, est l’exclusion de débats et la non-considération, par les journalistes, des idées du mouvement. Au moins 9 listes étaient annoncées à Paris (la date butoir pour le dépôt des listes est le 27 février à 18H00), les organisateurs de débats ou de présentations de candidats devant des organismes ne voulant pas s’encombrer avec 9 candidats (dont Marcel Campion) ont utilisé l’argument « retenir les principaux candidats dans les sondages » pour restreindre le nombre d’intervenants. Quand on est un « petit candidat » il devient alors impossible de porter publiquement, médiatiquement, sa parole et d’affronter ses opposants en ayant confiance en ses qualités de bretteur. Sur ce dernier point, vous remarquerez qu’Anne Hidalgo n’intervient jamais dans un débat, elle se fait toujours représenter (ses qualités de « débatrice » étant encore à trouver). Elle n’a pas forcement tort d’y être absente car ses représentants, en tant que « sortants », se font pilonner par les opposants !

Gaspard Gantzer avait pour lui un carnet d’adresses fourni en tant qu’ancien communicant du Président (F Hollande). Sa couverture médiatique a ainsi été largement supérieure à celle d’un petit candidat mais insuffisante. Il est intéressant de constater que l’AFP ou France Info ne se sont déplacés que lorsque le candidat intervenait, dans la rue, muni d’un haut-parleur (idée reprise par le Maire sortant du XVème !).

Les réseaux sociaux

La bonne volonté sur le terrain est une chose, la présence sur les réseaux sociaux est aussi importante notamment pour créer un bruit médiatique autour d’une candidature de façon à intéresser des journalistes. Là encore, cela n’a pas décollé. Il y avait bien des tweets officiels (bien faits) mais les membres du mouvement ne reprenaient que peu ou pas ces tweets ou posts. La campagne, visiblement, se vivait plus comme une campagne d’arrondissement (on retweete ce qui concerne son coin, sa tête de liste) plutôt que comme une campagne à l’échelle de Paris. Dommage pour émerger !

Obama, niet !

La campagne de terrain de réunions d’appartement n’a pas eu les résultats souhaités. Pour mémoire, B Obama avait, lors de ses 2 campagnes, fait une campagne digitale et physique basée sur la proximité et ses idées s’étaient répandues via et grâce aux individus sur le web. En France, la loi empêche beaucoup de choses (un bien ou un mal ?), une mécanique digitale identique n’est pas possible. La récolte de mails, à l’heure du RGPD, était un point clé que tout le monde n’a peut-être pas vu, su ou voulu voir (Par exemple, je n’ai pas transmis les mails des amis qui sont venus à une réunion d’appartement à mon domicile. Merci d’y être venu!).

Les coups durs

Une des originalités de la campagne était qu’il y avait, en fait, 2 têtes de liste : Gaspard Gantzer et Isabelle Saporta, cette dernière incarnant l’écologie du mouvement. L’opinion titrait le 1er septembre 2019 : « A sept mois du scrutin, ils forment désormais le ticket de challengers le plus en vue du moment ». Fin janvier 2020, Isabelle Saporta rejoint Cedric Villani. Quand vos tracts ont la photo des 2 têtes de liste, il faut refaire (des sous !), vos vidéos contiennent forcement des passages avec la personne, il faut remonter (des sous…), ….

La tête de liste du VIème, début février 2020, passe dans un autre parti, celui de C Villani. Retrouver une tête de liste à quelques petites semaines du dépôt des candidatures est une tâche plus que compliquée. Être tête de liste est un engagement fort où l’on s’expose à recevoir des coups, tout le monde n’est pas prêt à le faire.

Le « marché » des colistiers

Le tableau ci-dessous indique par arrondissement, le nombre de personnes qu’il est nécessaire d’avoir sur chaque liste d’arrondissement. Chaque parti doit donc afficher 503 candidats, à multiplier par 9 listes, soit 4 527 personnes.

J’ai quelques doutes sur le fait que Marcel Campion dépose des listes (verdict le 27 février) mais qu’il y ait plus de 4 000 personnes prêtes à avoir leur nom sur une liste, même à l’échelle d’une ville comme Paris, n’est pas une chose simple. Sachant qu’il faut en recruter plus encore pour pallier à des défections de dernière minute ! Il s’en suit des « vols » de co-listiers entre les uns et les autres. Certaines listes ont été de joyeux « voleurs » par rapport à d’autres, nous ne citerons pas de noms !

La fin d’une campagne

Le 20 février, à 9H00, j’effectue mon dernier tractage au métro Javel avec 2 jeunes camarades fort sympathiques.

A 12H00, Gaspard Gantzer publie un message dans la boucle Telegram PP15 annonçant le retrait de sa candidature personnelle et son ralliement, personnel, à Agnès Buzyn.

Et là… un grand silence sur cette boucle, jusqu’à 14H55 où le directeur de campagne du XVème envoie un mot de sympathie suivi par d’autres.

Mais, sur la boucle générale, ce fut un déferlement de violence immédiat. Les uns et les autres brûlant sur l’autel de la messagerie, la personne qu’il soutenait quelques minutes avant. J’ai donc pu constater, de visu, le phénomène de « meute » que l’on signale pour des harcèlements.

Avec le recul, je me dis que toutes ces personnes, quel que soit leur niveau social, leur éducation, leur statut dans le mouvement ont été surprises, émues, atteintes par une nouvelle qui remettait en cause leur propre engagement. Mais de là à se « lâcher » comme elles ont pu le faire, il y a une marge… Par contre, il était intéressant de voir resurgir les préférences partisanes des uns et des autres dans cette liste « non alignée », d’aucuns appelant à voter pour d’autres candidats installés (une personne, qualifiée de troll par une tête de liste, appelant même à voter R Dati, ce qui est a priori incompatible avec une liste plutôt centre gauche et centre droit).

La décision de se retirer prise par Gaspard Gantzer était, à mon avis, une bonne décision à l’heure où sa candidature ne prenait pas et que l’échéance du dépôt des listes approchait et, avec elle, des engagements fermes de dépenses financières incompressibles et, a priori, non remboursables. Quant à son ralliement à la liste d’A Buzyn, c’est son choix.

Depuis cette date, 13 têtes de liste du mouvement « parisiennes parisiens » ont décidé de poursuivre l’aventure sous cette appellation (tant mieux pour celles qui ne mentionnait pas le nom de Gaspard Gantzer sur leurs tracts !) et Gaspard est devenu le candidat LREM dans le 6ème arrondissement.

Je leur souhaite à tous de réussir aux élections du 15 et 22 mars (si celles-ci se tiennent… Covid 19) car les idées sont toujours là et sont bonnes. Gaspard, par exemple, met une des originalités de son programme, un renouveau culturel de la ville, à l’agenda de LREM.

De mon côté, je remercie Gaspard pour m’avoir fait participer à cette aventure et je suis très heureuse d’avoir pu rencontrer de belles personnes intelligentes, engagées et sympathiques. Mais, je ne sais plus pour qui voter … et je ne serais pas, comme d’habitude, à présider un bureau de vote car, par honnêteté, je ne me voyais être sur une liste et faire voter !

Bon vote,  quel qu’il soit !

Quel est le pays où les télévisions, les agences media sont bridées dans leurs analyses et leur productivité… La France ?

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Nous avons eu l’occasion d’assister au MIM12 organisé par la société Markdata à Lisbonne les 24 et 25 janvier 2019. Cette société portugaise nous y avait invité, ce dont nous les remercions. Près de 120 personnes (TV, radio, agences media, régies, sociétés d’études…) venues du monde entier (Allemagne, Belgique, Brésil, Bulgarie, Espagne, Inde, Italie, Maroc, Mexique, Portugal, UK, …) assistaient à la présentation des dernières nouveautés logiciels de Markdata.

2 jours de logiciels (en anglais), c’est parfois long, curieux, mais aussi passionnant (bravo pour les 2 interventions en binôme avec un grand pro de la TV et du digital au Portugal, Paulo Soares), magique et étonnant.

Le clou de ces 2 jours a été une matinée passionnante avec la présentation de YUMI web, le tout nouveau logiciel d’analyse des données individuelles TV : simple, friendly user, riche, complet, évolutif, ouvert à tous types de data (image, video, media-marché, pige, social, …) permettant de procéder à des analyses intelligentes pour un meilleur marketing programmes ou publicitaires. Les analyses étant automatisables aisément pour des gains de productivité immédiats.

Bref, la salle était déjà limite de la « standing ovation » quand, ensuite, ont été montrés :

  • une interface vocale, à base d’intelligence artificielle, pour demander des résultats (cool !)
  • Un audimètre, SAM (Smart Audio Matching), nouvelle génération, un petit boitier et une appli smartphone basé sur le fingerprinting (reconnaissance du son des programmes, identification par comparaison avec une base de données de programmes). Prix imbattable 150€ !

Les réactions de la salle, les multiples questions et la meute autour de l’audimètre ou du smartphone pour l’interface vocale ont été la preuve de l’énorme intérêt.

Quand nous voyons quelque chose de nouveau, nous avons le réflexe (un bien ou un mal…) de faire le comparatif avec ce que nous connaissons. Et là, nous nous sommes dit, « pauvre France ».

Pourquoi ?

La France, Mediamétrie en l’occurrence, a été le premier partenaire international de Markdata (1995) (et est toujours cliente via Eurodata).

Un logiciel, Telereport, a été le fruit de cette collaboration (merci Stéphane Simonart), et des évolutions nombreuses ont été faites au fil des années, la France apportant ses demandes et la France bénéficiant des demandes des autres pays.

Telereport a été remplacé en 2003 par MMW qui fut implanté sur le marché français, un peu en catastrophe. En effet, le très gros projet Médiamat2 de Médiamétrie (la refonte du système de production et de restitution des données) avait été un échec retentissant (et très coûteux) sur la partie « restitution » de l’information. Même si les intentions étaient bonnes, la réalisation, du point de vue client (nous en faisions partie), avait été un naufrage. Médiamétrie était alors revenu vers Markdata pour resigner un contrat pour MMW de façon à ce que les clients français puissent continuer à faire des analyses sur les données TV.

Comme pour tout logiciel, des mises à jour ont eu lieu mais, après 2015, plus de mises à jour de MMW pour le marché français quand tous les autres pays en bénéficiaient. Volonté politique ? Manque de personnel ? d’intérêt ? … nous ne le savons pas.

La raison est, peut-être, à trouver, en 2017, quand, Médiamétrie a dénoncé le contrat MMW et a lancé, officiellement, son propre logiciel, Restit TV. Nous avons eu l’occasion de le voir, à cette époque, et, un peu comme Mediamat2 en son temps, les intentions étaient bonnes mais la réalisation et la palette d’analyses étaient loin de correspondre aux besoins des clients français qui, selon nos informations, firent connaitre leur mécontentement (le nom d’un plat provençal en sauce semblait s’appliquer…). Depuis, le logiciel s’est bien amélioré, mais on est loin de ce que nous avons vu à Lisbonne (Yumi Web) où même, de ce que peut faire la start-up Daily d’initiés (incubateur TF1 à Station F) sur les données agrégées.

Concevoir des logiciels est un métier. Pourquoi dépenser de l’énergie et de l’argent pour faire quelque chose que d’autres font beaucoup mieux, plus vite, moins cher (un produit amorti dans de nombreux pays vs un produit construit pour un pays) ?

Nous trouvons très dommage et très triste que le marché français se trouve à la traîne des autres pays sur ce sujet. L’exception française a-t-elle une raison d’être ? Les clients français, qui sont aussi actionnaires de Médiamétrie, doivent avoir de bonnes raisons et ont dû avoir de réelles justifications que nous ignorons, pour se priver de solutions que nous jugeons productives et intelligentes, mais ce n’est que notre humble opinion.

En conclusion, l’ouverture a du bon, vive les jardins ouverts pour paraphraser « petitweb » !   

Retour sur le « FUNGATE »: la mesure d’audience de la radio en France est obsolète.

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FUNGATE

Prise littéralement, cette expression est porteuse de plaisir et donne envie d’en savoir plus, hélas, la vérité n’a rien de fun et la porte qui s’est ouverte est celle des prétoires…

Bruno Guillon, animateur de la matinale de FUN RADIO aurait demandé (plus de 100 fois en quelques mois) à ses auditeurs de faire de fausses déclarations (« déclarez FUN ») à Mediametrie si jamais ils étaient interrogés par cet institut pour donner leur écoute de la radio.

Ses auditeurs lui ont obéi, la station a doublé sa durée d’écoute dans la dernière période disponible.

Cette affaire, qui a agité le paysage media depuis juin, a trouvé sa conclusion,le 21 septembre 2016, avec la condamnation de la station en question, entre autres.

Ceci met en évidence 4 points:

  • d’un point de vue médiaplanning: la répétition d’un message ça marche!
  • d’un point de vue contractuel: les juristes n’écoutent pas leur propre station, sans cela ils auraient arrêté rapidement l’animateur car il violait une clause contractuelle explicite entre la station et Médiamétrie.
  • d’un point de vue annonceur: la radio est efficace. On a un exemple typique d’action et réaction qui met en avant l’efficacité du media, s’il était nécessaire de le prouver encore.
  • d’un point de vue mesure: la mesure de la radio est obsolète.

Oui, elle est obsolète, quand on voit qu’un animateur, seul, peut influer sur les résultats dits d’audience et donc bouleverser un paysage média et remettre en cause des investissements d’annonceurs.

Alors, l’étude 126 00 radio est-elle vraiment une mesure d’audience (interrogation téléphonique de 126 000 individus, 13 ans & +, de septembre à juin sur leur écoute radio des dernières 24H00)?

 Non, c’est un mix entre une mesure d’habitudes et une mesure d’audience.

  • OUI, quand il y a des gros événements médiatiques on voit les chiffres bouger. C’est de l’audience!
  • OUI, quand une grille radio change, on voit les chiffres évoluer dans un sens ou l’autre. C’est de l’audience!
  • OUI, quand on jongle dans sa voiture avec les boutons de ses stations préférées, on oubliera d’en déclarer certaines. C’est une mesure d’habitudes!

A l’heure du numérique, où, par exemple, rien n’est plus facile que l’infidélité, doit-on avoir un media mesuré de telle façon? NON

D’un point de vue technique, les solutions existent!

C’est la mesure passive, où l’on mesure le comportement réel des individus (et non du déclaratif) grâce à un appareil qui enregistre (24/24/ 7/7)  le son autour d’eux.

Ce type de dispositif n’est pas une nouveauté:

  1. Il suffit de voir le nombre de pays qui ont basculé en mesure passive, le dernier en date est les Pays Bas. Vous pouvez cliquer ici vers le tableau du RAJAR, l’organisme qui gère l’audience de la radio au UK. Ce tableau date un peu (Pays Bas et Italie pas à jour) mais fait le point sur qui mesure, comment, et où dans un certain nombre de pays.
  2. Le système du port d’un pager de la société Arbitron a été testé au début des années 2000 par Mediamétrie en France et les résultats avaient été montrées de façon détaillée aux stations et de façon agrégée aux annonceurs et agences media (les radios musicales, les radios généralistes…)
  3. En 2012, lors d’un séminaire media de l’IREP, IPSOS (Jim Ford et Bruno Schmutz) présentaient « Mediacell, the smart measure » (audience mesurée via smartphone) et Médiamétrie (Arnaud Annebicque),  « la mesure automatique individuelle portée: avancement et perspective » (audience mesurée encore via un pager…).

Bon, alors, nous sommes en 2016 et rien n’a bougé, si ce ne sont des chiffres parce qu’un animateur a fait ce qu’il n’aurait pas du faire.

Pourquoi, rien n’a bougé? Un premier élément de réponse simple: qui dit changement de mesure dit changement de résultats et les principaux acteurs savent que le business publicitaire sera de facto modifié. Les rapports de force changeront, la façon d’acheter le media devra changer aussi. Il y a d’autres éléments de réponse mais ce sera pour une autre fois!

Tout ceci fait peur à un certain nombre d’acteurs publicitaires actuels, ce qui peut se comprendre, mais, de toute façon, ils seront obligés, à un moment ou un autre de le faire, car quand tout se digitalise, la radio ne peut être LE media à rester dans son coin.

Et vous, Mesdames et Messieurs les Annonceurs, vous n’aimeriez pas connaître les véritables comportements des auditeurs pour être précis et justes dans ce que vous faites acheter ?

Bon je retourne écouter

tsf-jazz

Le programmatique, sans langue de bois! ASQ Publishers University 1ère édition

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Vendredi 23 septembre 2016, la première « Publishers University » a été organisée par Audience Square, la place de marché programmatique premium (son slogan).

Le sujet: l’achat publicitaire programmatique (pour la définition cliquez là )

En résumé, une vraie conférence, très intéressante, pleine d’informations, un vrai partage de connaissance, aucune langue de bois, qui commence et finit à l’heure, ça change!

Ce compte-rendu, comme tous ceux faits sur ce blog, est forcément partial et partiel et le propos sera plus aride que d’habitude (je crois!)

Un public jeune et assez jeune ce qui va avec la jeunesse de cette activité. Cela m’a fait penser aux jeunes qui démarraient l’achat internet à la fin des années 1990  et qui 20 ans plus tard sont les dirigeants de nombre de sociétés ou activités web comme Erwan Le Page, le CEO d’Audience Square. Ils étaient libres car personne ne comprenait vraiment ce qu’ils faisaient!

En achat programmatique, la technique et la technicité sont extrêmement importantes d’où des problématiques spécifiques et un langage assez particulier. Si vous ne comprenez pas l’anglais vous êtes largués (2 mots anglais pour 3 articles français).

1- Un début un peu dur, mais au moins la curiosité pouvait être satisfaite, avec la démonstration de ce qu’est une campagne programmatique, en direct, sur le logiciel d’Appnexus en démarrant de la création d’une campagne jusqu’au résultat.

J’en retiens 2 choses.

  • Comme toujours, plus le brief est précis mieux c’est!
  • Les résultats fournis aux traders, sont quelque peu bruts , très bruts…

Un tutoriel va être mis en ligne.

2- Erwan Le Page a montré les résultats d’une étude exclusive « Media Traders qui êtes-vous? ». 

Certains éléments pourront faire du bruit dans le milieu de l’achat publicitaire.

Cette étude repose sur 143 répondants pour 187 envois, un taux de réponse de 76%, respect!

  • Le media trading est  un métier masculin (63%) quand les patrons des différents trading desk sont des patronnes.
  • Ces traders sont tous très connectés, beaucoup plus Mobile que PC, et 63% d’entre eux avaient, quand même, regardé la TV la veille de l’interview.
  • Ils consacrent entre 75% et 100% de leur temps au programmatique, hyper spécialisation dans le métier mais ils sont très autonomes dans leurs actions.
  • Ils achètent, en premier, en fonction du CPM et, pour ce qui est de la visibilité publicitaire, LE sujet du monde publicitaire en ce moment, elle n’est prise en compte qu’en taux (ex: 50% de visibilité) et pas en coût, ce qui est un vrai enjeu car il faudrait plus s’intéresser au coût de l’impression visible.
  • Les sources d’inventaire publicitaire pour le programmatique sont dans l’ordre, le social en 1, en 2 le contexte éditorial (tant mieux pour les éditeurs de vrais contenus) et la boite mail en 3.
  • Le ciblage se fait d‘abord avec le capping puis avec le retargeting et enfin avec la data
  • Les DSP les plus utilisés sont APPNEXUS et DOUBLECLICK mais suivent, plus loin, MEDIAMATH et AMAZON (elle est belle ma donnée Amazon, elle est belle)
  • Le SSP préféré? celui avec lequel on a l’habitude de travailler!
  • Travailler avec des trading desk externes? A 82% non (BOUM!)
  • La majorité d’entre eux ne suit pas les accords cadre car c’est la recherche de performance qui prime (BOUM!)

3- Une table ronde avec une tradeuse chez l’annonceur, Hélène Dael d’Air France, Florent Yon de l’agence media OMD, Florian Chamare  de Tradelab .

Chez Air France, les tradeuses se repartissent le monde en secteurs géographiques, puisque les campagnes AF sont mondiales. Elles s’occupent des campagnes promotionnelles et pas des campagnes d’image. Ces dernières sont opérées de façon classique, avec plan media, par l’agence KR Media. Les campagnes promotionnelles sont en programmatique et c’est donc la performance qui compte dans le choix des « supports ».  Ce sera toujours la performance qui l’emportera par rapport au contexte (BOUM).

Chez OMD, le programmatique est intégré dans chaque pôle, puisque tous les media basculent ou vont basculer en programmatique. Le trader a aussi la liberté de changer les supports si les performances ne sont pas bonnes.

Pour Tradelab, un trader est en charge de clients et plutôt dans un même secteur. Ce trader ne fait rien d’autre que du programmatique et il est autonome et libre de ses choix, du moment que les performances sont là.  Pour lui le contexte est peu présent car il achète à 80% en blind (aveugle).

A la question, «  »open auction » ou deals? » pour AF l’achat est à 90% en open auction et les deals n’existent que pour des cas spécifiques comme les meta moteurs de comparateurs de prix. Chez OMD, les deals avec les éditeurs ou les places de marché représentent 30 à 40% de l’achat. Pour Tradelab, les deals à 20% seulement.

Les traders sont prêts a payer plus cher pour de la data qualifiée qui montre son efficacité (plein de bon sens), donc ils sont tous ouverts aux tests.

4- Nicolas JAIMES, journal du net, a raconté (très bien)  où en est le marché aux USA du point de vue des éditeurs (Ça promet de sacrés bouleversements à venir encore…)

Une crise publicitaire beaucoup plus forte  aux USA qu’en France (marché publicitaire total: -7.8%, publicité digitale: -2%, licenciement dans le secteur: +10%).

Les media américains ont énormément de mal à basculer sur le mobile. Et pourtant, ce dernier, le mobile, est maintenant passé devant l’ordinateur (desktop) dans les usages des internautes américains. Les mobinautes étant très mobiles, l’infidélité se développe ce qui est préjudiciables aux éditeurs.

Facebook et Google captent les 2/3 de la croissance digitale aux USA (dans le monde?). Facebook est un « Frenemy » avec lequel il faut frayer. Les éditeurs US sont pragmatiques et ont signé des accords avec les 2 mogols.

3 cas d’éditeurs

Le cas Buzzfeed: 23% de son audience seulement est réalisé sur son site et ils sont très contents! En fait 37% de son audience vient de Facebook, 21% Snapchat, 14% YouTube, 2% search. Le modèle éditorial de Buzzfeed est à 100% du brand content donc ils vont chercher là où il y a de l’audience! Leurs réflexions ou leurs KPI sont en reach global et non pas en visites ou visiteurs sur leur site.

Le cas The Economist: ce journal anglais fait des packages basés sur l’attention du lecteur. Un lecteur attentif a passé au minimum 5 secondes sur une page avec un comportement de type scroll ou utilisation du clavier (Quid mobile?) . Ce modèle de vente devrait devenir de plus en plus populaire et séduire les annonceurs de la grande consommation qui sont toujours à la recherche de garanties.

Le cas Foursquare dont la plateforme d’achat programmatique « pinpoint » permet de cibler les individus en fonction de leur géolocalisation, la data provenant des « check in » sur Foursquare. Le CA publicitaire de Foursquare c’est 50 millions de dollars.

5- Jean-François Bernard, Adomik , « ce que les log nous apprennent ».

Le début de son intervention est une analyse complémentaire de l’étude sur le portrait des traders car elle nous montre ce que font les traders.

En regardant les données Adomik, il a identifié 3 types d’acheteurs programmatiques aujourd’hui:

  • les acheteurs « technologiques » qui ont des algorithmes pour acheter et qui font du ciblage sophistiqué
  • les acheteurs complexes qui ont plusieurs stratégies d’achat autour de points de valeur distincts
  • les acheteurs manuels dont les campagnes sont constituées de « bid » (ordre d’enchère) statiques

Quelques statistiques sur les enchères:

  • le nombre moyen de bids pour une auction (enchère) est de 1.5 (seulement!).
  • L’écart moyen entre le premier et le second bid est énorme, 71%.

Le marché en France n’est pas liquide, parce que…

  • le volume d’auctions (enchère) est important,
  • il y a peu de « multi bid »,
  • les data sont exclusives aux acheteurs,
  • et il y a des contraintes techniques, économiques et financières de connexion SSP/DSP. Quand on est sur le SSP Google AdX ou d’Appnexus, on est plus soumis aux achats que font ces platerformes DSP.  En clair, Google vous proposera majoritairement du Doubleclick, et AppNexus du AppNexus!

La croissance du mobile amplifie encore plus le manque de liquidité.

En étudiant le cas d’un éditeur de presse premium américain , il observe qu’il y a

  • 2 X + de volume mobile vs desktop (ordinateur),
  • le fill rate (le taux de remplissage) est 1.5 X PLUS PETIT
  • et le CPM 1.4 X PLUS PETIT aussi.
  • Le nombre de bids par auction (le nombre d’ordres par enchère)  est 4 X + PETIT sur mobile qu’en desktop.

La dépendance en revenu de cet éditeur à AdWords est de 49% en desktop vs 60% en mobile…

Enfin, que doivent faire les éditeurs pour vendre mieux? Activité commerciale et Yield management.

Tout ceci en 2 types d’activités:

a) Les activités traditionnelles

  • travailler sur la qualité des placements, sur des formats impactants, sur son taux de clics, sur la visibilité
  • promouvoir son inventaire sur le marché
  • travailler sa politique de prix avec, par exemple, de la vente avec un floor price (prix plancher) ce qui permet d’avoir une hausse de 80% de ses revenus par rapport à une auction (enchère) de base. Le CPM Open Auction moyen optimisé est à 0.47€
  • valoriser son inventaire et sa data avec, entre autres, la vente de deal où la hausse du revenu sera de 100% vs une Open Auction. Chez les meilleurs vendeurs, on observe une hausse de 25% des revenus programmatiques issus des deals.

b) Les activités de rupture: unifier les auctions pour augmenter la demande

  • maximiser la demande programmatique, mettre en concurrence avec les ventes directes. C’est être dans le Header bidding
  • où fusionner le programmatique et le direct. C’est le Full Stack.

6- Onfocus, Franck Durousset et Anh-Tuan GAI

Comment augmenter la visibilité de ses publicités et donc générer plus de revenus? OnFocus dit répondre à cette question (ses clients aussi!).

Le principe d’OnFocus est, après audit, de tagger les choses au plus fin (chaque emplacement, chaque impression). Sa particularité est l’optimisation, c’est à dire, d’être à même de générer de l’inventaire visible. Une solution le « smart refresh »,  rafraîchir la page en minimisant le risque de perdre le lecteur.

Guillaume Léger du Point et Arnaud Moutet Next régie, clients d’OnFocus ont témoigné sur l’intérêt de cette solution. Ces 2 entreprises s’y sont penchées car entre les ad blocks et la visibilité publicitaire, la perte de valeur était devenue une réalité. Pour contrer cette perte de valeur, il fallait évoluer et considérer des solutions comme OnFocus.

Rien que l’audit, et donc le taggage, permet d’avoir de vraies informations plutôt que des a priori sur telle ou telle façon de faire, sur tel ou tel emplacement (ex: le grand angle doit être au milieu d’un article pas en haut d’une page). Les éditeurs sont aussi intéressés par cette solution car tout ce qui peut fluidifier le temps de chargement des pages est bon pour eux.

7- Le Full-stack – Laurent Nicolas AppNexus et Edouard Brunet Media Figaro

Je l’ai déjà écrit, mais Laurent Nicolas est le premier au monde à avoir proposé une façon de mesurer la visibilité  publicitaire avec sa société Alenty (intégrée maintenant dans AppNexus).

Définition(source: mind) Le full-stack est le procédé technologique qui permet une mise en concurrence des ventes en direct, assurées par la régie et passant par l’adserver, avec les ventes en programmatique passant par un SSP.

A la faveur de l’intégration du groupe CCM Benchmark dans le Figaro, il y a eu une remise à plat totale des pratiques des uns et des autres et c’était l’occasion de se poser des questions sur le devenir du programmatique et du direct. La solution technique adoptée a été de mettre en place un full-stack. Media Figaro a choisi AppNexus (Google propose aussi sa solution full-stack)

  • C’est un très gros chantier, il a fallu 6 mois entre la prise décision et la finalisation dont 3 mois de travail extrêmement intensif.
  • La difficulté? Savoir gérer les besoins de tous les éditeurs et arriver à se poser avec les équipes pour écrire sur le papier ce qui doit se brancher, où, avec qui et comment!
  • Une tache lourde a été de tout retagger, mais ça a été aussi un bon moyen de faire se comprendre l’éditorial avec la publicité. L’utilisation de tag en français avec les mots utilisés par l’éditorial a permis ce lien!
  • Le fait d’avoir un seul  outil a été un gain opérationnel incroyable, la fluidité du trafic a été renforcée, une seule interface en yield, le retour de 10% des impressions qui se perdaient entre les différents logiciels!
  •  Il est encore un peu tôt pour voir l’impact sur la monétisation de la régie, mais les signes sont plus qu’encourageants. L’accent a encore été mis par E Brunet sur l’importance des équipes commerciales , le fullstack n’est qu’une commodité!

Un long compte rendu qui jargonne aussi je pense mais plein d’informations! Merci Erwan Le Page pour cette belle première université.