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Dernière conférence avant « la grande bascule » Jardins Ouverts Jardins Clos PetitWeb (compte rendu partial et partiel)

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La grande bascule était un titre prémonitoire choisit par Geneviève Petit pour sa matinée du 12 mars 2020 dans l’auditorium de La Poste.

Elle parlait de la grande bascule vers l’inconnu pour le monde publicitaire avec la disparition annoncée des cookies et quelques jours après la grande bascule se produisait vers l’inconnu pour le monde entier…

Cela parait alors dérisoire de parler d’un événement quand tout est annulé et notre vie est profondément bouleversée mais nous le faisons quand même!

Comme pour les éditions précédentes, nous allons attribuer quelques prix.

Grand prix de la clarté (mais pas toujours facile à résumer) : Etienne Drouard (Avocat associé Hogan Lovells)

attention il y a ce prix ex-aequo (cf Mathieu Roche)

La question était : la CNIL exagère-t-elle ? la réponse fut très claire : OUI (Ici le résumé est facile à faire !)

Pour mémoire, la CNIL a publié des directives extrêmement restrictives relatives aux cookies. Selon E Drouard, la CNIL impose des choses comme « accepter, refuser, retirer » un cookie qui ne sont pas dans la réglementation européenne. Le droit de refus serait ainsi créé par la CNIL. Elle outrepasserait alors ses droits qui sont de faire imposer les lois et non d’en inventer les lois. En septembre 2019, 9 associations interprofessionnelles du monde publicitaire (GESTE, SRI, UDECAM, UDM…) ont déposé, via E Drouart, un recours auprès du conseil d’Etat sur le sujet. Le second scoop de la conférence a été que, dans la nuit précédente, la fixation d’une seconde séance d’instruction avait été annoncée. Ceci annonce un jugement par l’assemblée plénière du Conseil d’Etat ce qui est peut courant, voire unique en la matière. Bonne nouvelle à venir ? On croise les doigts !

Mais, au fond, pourquoi se démener dans une bataille qui, de toute façon, est déjà perdue avec les annonces faites par les GAFAM, et notamment Google (après Apple, Firefox…) quant à la disparation programmée de ce petit artefact qui permet aux jardins ouverts (le reste du monde publicitaire) de vivre encore ? Une bonne réponse d’E Drouart (comme d’habitude !) :

« le cookie est liquide, c’est un « support de valeur » indispensable comme le sang ou l’air même s’il est pollué,

on n’a pas encore trouvé d’ersatz »

Sa seule alternative aujourd’hui c’est l’univers loggé qui tombe souvent dans les jardins clos.

On parle quand même d’une division par 5 des volumes de données donc d’un enjeu économique certain pour le monde publicitaire.

Prix de la plus belle progression : Fabien Magalon, DG Alliance Gravity

CA en hausse de 160% ! C’est certain qu’en partant de rien, il est facile d’afficher de belles performances, mais nous ne pouvons que saluer, comme le dit F Magalon,

« cette superbe aventure, un projet intrapreneurial, une ambition folle, une matière première unique ».

Aujourd’hui Gravity est regardé, copié (UK, Espagne) et devient le précurseur en alliance media et modèle économique.

Gravity a une offre de ciblage âge et genre avec de belles performances. Ex : femmes 25-49 ans, 72% de couverture (80% chez les Gafam) quand la moyenne du marché est d’environ de 30%.

La disparition du cookie est aussi un sujet fondamental pour Gravity. Il anticipe 2 phases.

  • La première aura lieu début septembre avec la mise en conformité des nouveaux CMP (cf CNIL) donc une division de 3 à 5 des volumes. Gravity s’y prépare en imaginant du marketing prédictif où les cookies restants servent de mega panel pour projeter des informations sur les nouveaux cookies.
  • La seconde aura lieu du fait de Google (cf SRI) avec la disparition des cookies et là aucune solution en vue. Que deviendra le marché et donc Gravity avec…

Autre grand prix de la clarté ex-aequo: Mathieu Roche (CEO ID5)

Il a le don de choisir des exemples simples, des images parlantes pour faire comprendre à son auditoire des choses complexes. Un seul défaut, il parle vite donc il n’est pas toujours aisé de le retranscrire !

Les 3 piliers de la publicité digitale ce sont : le capping, l’attribution, le ciblage. Ces 3 piliers sont basés sur les cookies. Rien que pour le ciblage, la disparition des cookies signifie une perte de CA entre 50% et 75%. Alors les solutions ? Les cohortes que proposent Google, à voir ce n’est pas complètement destructeur ou des solutions comme celles que Mathieu Roche, ou ses concurrents, proposent : un identifiant first party fournit aux éditeurs avec lequel on peut faire des choses. Son crédo est d’ailleurs de dire aux éditeurs,

« testez-nous ou nos concurrents, avancez car seule l’adoption créé le standard. Il faut une masse critique d’acteurs et d’adoption pour parler une nouvelle langue et recréer de l’oxygène pour l’industrie! »

Dans la même table ronde, Frédéric Grellier (COO Weborama) a insisté sur le fait de participer à tous les travaux mis en œuvre ou toutes les initiatives qui voient le jour (GITHUB, W3C…) pour imaginer ce monde sans cookies.

 

Le prix du scoop : Arnaud Monnier DG platforms & partners Google

On l’entendait très mal (la visioconférence ne marchait pas très bien) mais, à 12H34, il a

  • reparlé de l’appel de Google aux professionnels du digital à venir contribuer à la recherche de nouvelles solutions pour un monde sans cookies, et confirmé ce que disait Frédéric Grelier que ça ne répondait pas beaucoup
  • et dit que si l’on ne trouvait pas de solutions avec le marché, Google garderait les cookies !!

Avons-nous bien entendu? Geneviève Petit nous a confirmé qu’elle avait entendu la même chose. Incroyable! Laissons passer la pandémie pour y voir plus clair.

Prix du graphique qui tue : Geoffrey La Rocca , DG, Robert Dupuy, VP engineering, Teads

On est peu de choses…

 

Prix du meilleur slogan, Hélène Chartier, SRI, en lieu et place de sa présidente Sylvia Tassan Toffola qui était (déjà) confinée.

« 2020 la publicité digitale entre le marteau et l’enclume entre les directives CNIL et l’annonce de Google pour la disparition du cookie début 2022 »

A ceci on peut ajouter une jolie formule

« tracer n’est pas un vain mot ni un gros mot !! »

Prix des droits de l’homme : Cécile Ribour, directrice de la communication de la MAIF

La MAIF repartit ses investissements a 60% vers les GAFAM contre 40% pour le reste. Sa Question est de trouver un équilibre pour lutter contre la dépendance. La question n’est pas nouvelle. MAIF travaille sur des campagnes de publicité sur la protection des données individuelles. Mais la nouveauté est que la MAIF s’est associée avec le département « droits de l’homme » de l’université de Stanford pour trouver un modèle de gestion de données éthiques. A suivre !

Prix d’une très bonne conclusion : Sybille le Maire, Directrice Executive, Bayard Presse

Nous pensons depuis plusieurs années, et nous avons fait un ptit dej IREP sur le sujet, que l’évolution démographique que nous vivons (le vieillissement de la population) est un changement majeur dans toutes nos sociétés.

Pour Sibylle Le Maire c’est la prochaine grande bascule du marché. Elle a raison !!

Un chiffre choc : il y a 28 ans à la création du magazine Notre Temps, le temps passé à la retraite était de 7 ans quand aujourd’hui il est de 28 ans !

Le groupe BAYARD a créé un club de réflexion sur le sujet avec des grandes entreprises « le club Landoy » pour repenser collectivement l’approche que l’on a de la vieillesse et de toutes les transitions qu’il va falloir faire. Ce club a d’ailleurs initié une grande étude sur le sujet, 192 questions 4000 répondants.

Affaire à suivre !!

Il est d’ailleurs intéressant de constater que les 2 populations extrêmes en termes d’age sont étudiées en profondeur par 2 media, les jeunes avec 20 minutes, les vieux avec Bayard

Prix du « jemenfoutisme » qui pourrait s’appeler « je fais ma pub et je me fiche du reste »

Nous ne donnerons pas de nom comme à chaque fois que quelque chose ou quelqu’un nous énerve. Quand on vient de Luxembourg exprès pour nous parler d’un sujet fort comme la grande alliance des media en Allemagne et que l’on passe 14 minutes (sur 15) à nous vanter la beauté et l’intelligence de son groupe pour expédier le sujet en 1 ou 2 slides, c’est se tirer une balle dans le pied. Une fois de plus, quelqu’un qui n’a pas compris que c’est en donnant quelque chose que l’on reçoit plus.

Dans les mots ARTERIEL ou RATELIER vous pourrez trouver le nom de sa société (superbe groupe par ailleurs !)

De nombreuses autres interventions valaient le coup, mais notre compte rendu est partiel, nous ne parlons donc pas de tout ce qui a été dit autour de la TV Connectée par exemple.

 

Prenez tous soin de vous pour que l’on ait,

de nouveau, tous ensemble,

de chouettes conférences !

Une journée d’Intelligence Artificielle avec BONHEUR (un compte rendu partial et partiel)

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Comment résumer, en quelques lignes, une journée entière consacrée à l’intelligence artificielle le 23 octobre 2019, à Station F ?

Impossible d’autant plus que le programme était d’une richesse incroyable variant les mathématiques, la politique, le business, les enjeux, la pratique, les secteurs et 2 stars : Stéphane Mallat (Collège de France) et le montréalais Yoshua Bengio, l’un des 2 papes de l’IA avec le français Yann Le Cun (Le premier travaille pour Google, le second pour Facebook).

Chapeau pour cette magnifique journée (1 800 personnes y ont assisté) même si nous regrettons (cela va faire vieux c..) une journée complètement en anglais alors qu’il y a très très peu de non francophones dans la salle (3 à la première présentation…). Au moins, les ¾ des présentations étaient plus que compréhensibles pour des francophones vu la prégnance de l’accent français en anglais !! On regrettera aussi quelques changements de programme impromptus sans que l’application spécifique soit à jour, et les tics de langage du type « amazing », « incredible », « guys » …

Bref, nous ressortons de tout cela avec quoi ?

L’IA n’a rien de magique (nous le savions mais cela a été dit clairement moultes fois) et de nombreux progrès, dans tous les domaines, sont encore à venir pour contourner tous les problèmes et biais posés. Par contre, le processus d’automatisation est en marche avec son cortège de solutions business (Nous n’avions jamais vu une conférence avec autant d’offres d’emploi à l’intérieur même des présentations !!)

Un cocorico. La France est devenue, ce jour-là, officiellement, le pays leader en Europe sur l’Intelligence Artificielle (avant la Grande Bretagne et Israël) avec le premier rang en matière d’investissements dans les startups dédiées au sujet. 570 millions d’euros au 1er semestre 2019 pour une année qui atterrirait à 1.2 milliards d’euros selon les estimations du cabinet Roland Berger et de France Digitale (qui reprend l’organisation de l’événement France is AI).

Nous ne relatons ici, dans cet ordre, que ce qui concerne la politique, la complexité, les biais et contournements des biais, le business, le pragmatisme, le feel good et un tout petit peu de mathématiques.

Politique

Nous avons un ambassadeur pour le numérique (et il est compétent), Henri Verdier (…, Cap Digital, Etalab,…) qui doit « couvrir » 4 thématiques dans lesquelles l’IA est forcément présente :

  • Les grands sujets de cyber sécurité (nous vous rappelons une de nos obsessions : la question n’est pas de savoir si des crashs de cyber sécurité au niveau des états vont se produire mais quand ! Merci l’Estonie 2007…).
  • La participation des états a la gouvernance d’internet
  • La diplomatie économique
  • La défense et la promotion des valeurs qui structurent nos sociétés

En fait, il est à la recherche d’une troisième voie, l’Europe, alternative au « sans contrôle publique » américain et au « tout contrôle » chinois. Pour y arriver quelles solutions ?

Les lois avec l’exemple du RGPD qui fait des petits au Japon, en Inde et est copié aux USA. Ce qui n’empêche pas la France, par exemple, d’assouplir sa position par rapport à la circulation libre de la data (free flow of data with trust), l’important étant de savoir comment s’organiser.

L’argent mais que sont les investissements de chaque état européen pris indépendamment par rapport aux milliards américains et chinois. Il rappelle que le succès n’est pas proportionnel à l’argent investi, au tera octet de data, mais au fait d’être malin.

Et des engagements forts (?) sur des principes, des valeurs et l’éthique. Il pousse à la création d’un GIEC de l’IA (pas bête) pour avoir des gardes fous, au dépassement des conneries venant d’un pays (ex : la classification trompeuse des tomates en légume aux USA, alors que c’est un fruit, car il y a 100 ans pour des raisons de taxes, Heinz a qualifié les tomates en légumes. Aujourd’hui toutes les bases de données américaines utilisées en IA des USA classent les tomates en légume au lieu de fruit !).

Le rôle de l’Etat, pour lui, est celui du jardinier qui doit faciliter la vie des startups.

Complexité

On est loin de « l’intelligence » artificielle. La voiture autonome sur la place de l’étoile ce n’est pas pour demain. Trop d’interactions, de décisions à prendre encore pour les machines existantes qui ne sont capables que d’imiter des taches simples et répétitives (c’est déjà ça !). Une machine sait faire un chose à la fois et ne peut pas tout faire ! Exemple, la machine alpha GO est bonne pour le jeu de GO mais ne sait rien faire d’autres, il faut tout créer à chaque fois.

Biais et contournement des biais

  • Où sont les femmes (une fois de plus), quand on voit Karl Tuyls (Deepmind de Google et Université de Liverpool) qui remercie dans un slide de photos son équipe d’au moins 16 chercheurs, que des hommes ! Les organisateurs de la journée ont fait attention à ce point et des femmes étaient présentes sur la scène!
  • Biais des bases de données. Les modèles d’apprentissage des machines (machine learning supervisés) sont très gourmands en données. Pour leur apprendre des choses, il faut que l’humain intervienne, par exemple, en annotant des milliers d’images de façon à expliquer à la machine ce que signifie telle ou telle image. La masse d’images annotées permettra alors à la machine d’être capable de classer correctement de nouvelles images rencontrées Il y a un très gros business autour des bases de données d’images annotées, décrites, par les humains (Inde, Madagascar,…). Mais c’est long, cela coute cher (même si ces travailleurs humains sont payés une misère) et cela ne couvre pas toutes les situations car il est dangereux pour l’humain de coder certaines situations (il doit visionner des atrocités pour coder !). Sans aller chercher ici les horreurs pornographiques ou terroristes, pensez simplement aux accidents entre un piéton et une voiture, vous ne disposez pas d’un « corpus » de cas, d’images, suffisants. Pourquoi ne pas les créer dans un monde virtuel alors (Naila Murray, Naver Labs), et avoir alors de la variété dans les situations qu’un grand nombre de situations identiques.
  • Toujours sur les bases de données, imaginez 8 photos, 6 de chats blancs et noirs dans différentes positions et 2 de chiens noirs, eux aussi dans des positions différentes. Vous injectez dans la machine une photo de chien blanc pour classification en chien ou chat, la réponse sera chat, car toutes les photos d’un animal blanc était un chat ! Cela parait bête mais c’est une réalité que vous pouvez transposer à grande échelle. Cela renvoie à un biais très classique en stat, votre échantillon n’est pas représentatif de la population qu’il est censé représenter !
  • En Autriche, une startup se faisait fort de réduire le chômage en fournissant un algorithme d’adéquation entre le profil du candidat et l’offre d’emploi à base de machine learning. Super sur le principe mais la machine a appris le chemin le plus efficace trouvé dans l’historique des données, ne proposer des offres d’emploi qu’aux hommes car ils décrochent des emplois quand les femmes et les personnes handicapées n’en recevaient plus aucune…

Business

Criteo

La publicité était présente à cette journée avec les changements de fond opérés par Criteo dans son fonctionnement (Zofia Trstanova). Comment changer son moteur de recommandation pour être plus pertinent et être capable de présenter le bon produit pour 1 milliard de requêtes / utilisateurs en 50 millisecondes… ? Joli challenge ! Bien sûr, il y a l’historique de l’utilisateur mais quel produit choisir dans les milliers, millions de produits possibles parmi les partenaires de Criteo (CDiscount ….) ? C’est simple, Il faut construire une matrice de distance entre produits et choisir le plus proche voisin du dernier produit acheté ou choisi par l’utilisateur. Cela parait facile mais la masse de produits et l’urgence de la réponse change tout. Il faut alors approximer les distances, approximer la matrice.

Le nouveau système Criteo a commencé à être déployé il y a un an et demi. Il va être amélioré par l’incorporation des annotations d’images dans le processus.

Astra Zeneca (James Weatherhall VP Data science et AI)

Le raisonnement est simple pour un laboratoire pharmaceutique. Un brevet dure 20 and, il faut 12 ans pour arriver a une solution définitive et sa mise en marché. Il ne reste donc que 8 ans pour obtenir des revenus. Comment raccourcir les 12 ans pour allonger les 8 de revenus ! La première étape est dans la connexion de toutes les données qui existent maintenant pour un laboratoire pharmaceutique (données génomiques et génétiques, données patients, données de capteurs, données d’interaction media, données des réseaux d’information médicaux, données de marché. La seconde étape est de connecter un certain nombre de ces données (ca a pris moins de 2 ans). Ensuite, et il y en a pour 5 ans encore, on applique de l’Intelligence Artificielle. Premier exemple, dans la découverte de médicament, les « manipulations » de molécule sont « facilement » automatisables. Ce qui prend aujourd’hui 24 jours pourraient baisser à 5 jours. Second exemple, l’interprétation radiologique dans des cas de tumeur. Un radiologue met 20 minutes, dans des cas complexes à analyser l’épreuve avec environ 10% d’erreurs quand un processus d’IA met quelques secondes avec moins de 1% d’erreurs.

Eramet (Jean Loup Loyer, Head of data sciences & AI)

Une société de production minière (Nouvelle Calédonie, Gabon…) et de métallurgie qui comme Astra Zeneca est maintenant à la tête de nombreuses données. Une des premières utilisations a été de faire de la maintenance préventive sur ses machines d’extraction grâce à l’analyse des données de capteurs. Mais en allant plus loin, Eramet analyse maintenant les images prises par drone des chantiers de ses concurrents ou clients pour adapter au plus juste sa production miniere et ajuster ses prix !

Société Générale (Julien Molez, Group Innovation Data & AI Leader)

L’analyse des données n’y est pas nouvelle (l’actuariat pour la gestion des risques) mais là encore, la masse de données issues des clients, de la dématérialisation des documents, permet d’aller plus loin. 3 cas d’utilisation de l’Intelligence Artificielle

  1. Analyse du langage (NLP) sur les clauses de confidentialité a signer avec des partenaires potentiels pour voir si elles sont compatibles avec la législation bancaire et la politique de la banque.
  2. Moteur de recommandation du bon article à lire au bon moment pour les clients de la branche affaires (et leurs conseillers)
  3. Analyse de tous les paiements de la banque en temps réel en France pour détecter les valeurs aberrantes (outliers) et bloquer les mauvaises transactions

Pragmatisme (Benoit Limare, Sicara)

Une fraîcheur de propos très agréable.

Pour lui il y a au moins 2 catégories de projet d’IA :

  • L’IA bidon, la start-up qui dit qu’elle fait de l’IA (notamment en reconnaissance d’image) et qui a, en fait de nombreuses petites mains à Madagascar pour classer les images…
  • L’IA raisonnable : démarrer petit pour élargir le champ par la suite. Le grand soir dans de l’IA est dangereux car il faut prouver l’intérêt de la méthode à la fois auprès des salariés proches de l’informatique mais aussi ceux qui sont touchés par le process et la direction générale. Commencer par quelque chose de raisonnable (voire même bidon) est le moyen d’amorcer la pompe, d’emporter l’adhésion de tous avant d’engager des coûts élevés dans un projet plus complet (l’IA ça coûte cher !)

Des exemples :

  • Une société de produits de beauté voulant un moteur d’IA pour recommander le bon produit de soins pour la peau a de clientes avec déjà une bonne solution avec un selfie et quelques bonnes questions.
  • Une autre où le DSI voulait réduire une tache de 15 minutes à 10 secondes. Un projet simple permettait déjà de réduire la tache de 15 minutes à 45 secondes. Le projet pour atteindre les 10 secondes aurait été extrêmement couteux.

Il rappelle que pour faire de l’IA, il faut des données (la moindre des choses !), lisibles par un humain (si l’humain ne les comprend pas, la machine ne saura rien faire), et contrôlables (autrement dit de nombreuses photos de produits différents d’un site de e-commerce prises toutes avec des angles différents débouchera sur des problèmes, il faut contrôler l’input !).

Feel good

Accenture a présenté un programme d’aide aux personnes âgées avec de l’IA conversationnelle. Le premier pilote d’« Elderly care » avait été fait en Grande Bretagne il y a 3 ans. 4 sont dans les « tuyaux », un en Belgique, 2 aux USA, 1 à Stockholm. Cela a raisonné beaucoup dans nos oreilles suite au petit dejeuner IREP que nous avions animé sur ce sujet avec Hélène Xuan et Olivier Altmann

 

Mathématiques

Un grand moment avec Stéphane Mallat du Collège du France qui, sur le moment, nous a paru biblique quand il expliquait comment les mathématiques pouvaient aider l’Intelligence Artificielle à résoudre le problème de l’interprétation des choses.

Pour lui, tout est dans la structuration des réseaux de neurones, il le démontre. Mais il a avoué avoir perdu, pour l’instant, un pari d’un diner dans un 3 étoiles (on est français où on ne l’est pas) avec Yann Le Cun quant au fait de trouver le modèle d’analyse et les théorèmes qui vont bien !

Au fait, si vous voulez comprendre vraiment « Comment les Réseaux de neurones à convolution fonctionnent » cliquez ! Ça vaut le coup car c’est la base de tout le décodage d’images entre autres. Si nous vous le disons avec nos mots, vous découpez votre image en pixels, chaque pixel a un poids en fonction de son contenu et de ses couleurs. Vous tordez votre image et refaites votre découpage en pixels. Ceci plusieurs fois, vous prenez un échantillon de pixels dans chaque découpage et à la longue vous mettez tous vos échantillons ensemble et vous serez capable de reconnaître une nouvelle image en la comparant via ses pixels à celles que vous aviez eu au préalable. C’est bien mieux expliqué dans le lien que nous vous signalons et nous venons surement d’écrire de grosses horreurs!!

 

En conclusion, l’IA était, pour nous, plus facile à comprendre que la conférence sur le gaming !

La fin de l’individu, voyage d’un philosophe au pays de l’Intelligence Artificielle (Gaspard Koenig) (un résumé d’un livre non lu !)

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Nous avions déjà eu le plaisir d’écouter Gaspard Koenig (GK) lors d’une conférence TEDX Paris. Le 27 septembre 2019, il présentait son nouveau livre qu’il a « résumé » pendant une heure à Station F, (grand amphi complet). Ce compte rendu est fait sur ce « résumé » pas sur la lecture du livre (acheté mais non lu !).

Le sous-titre de ce livre pourrait être

« remettre l’église au milieu du village » !

Pour lui, il faut remettre l’humain dans l’IA, c’est-à-dire en maître de ses propres données.

Comment y arrive-t-il ?

Il a rencontré près de 120 chercheurs, entrepreneurs, intellectuels, magicien… en France, UK, Israël, USA, Chine … Bel effort (sponsorisé par Le Point) pour un philosophe non spécialiste de l’Intelligence Artificielle.

Au passage, GK fait remarquer que rencontrer des interlocuteurs sur ce sujet n’est pas facile, car ils sont pressés, stressés, soumis à des enjeux financiers importants et n’ont aucune envie de rencontrer un philosophe !

Quelques tacles :

  • Ces interlocuteurs n’ont aucune culture. La référence la plus ancienne qu’il a pu entendre dans la bouche de ses interlocuteurs était … « star wars »
  • Ce sont les physiciens qui ont toujours joué les « Cassandre » sur l’IA en se basant sur des théories très très peu probables alors que les mieux placés pour en parler, les informaticiens, sont eux réalistes (Yann le Cun, Facebook, sort un livre dans 15 jours sur le sujet) et savent très bien que l’IA est très très loin de cette prise de contrôle.

Alors faut-il avoir peur ou non de l’Intelligence Artificielle (IA)?

Dans l’absolu, Non ? mais…

Dans l’expression Intelligence Artificielle, il y a intelligence et celle-ci est le produit d’une évolution biologique depuis des milliers d’années qui nous a donné le pouvoir de conceptualiser. Donc, tant que l’IA en reste aux calculs de l’ordinateur, aucun risque de dépassement ou de rapprochement de l’homme par la machine.

L’IA et le travail ?

GK n’est pas inquiet sur ce que l’on appelle « la fin du travail ». Le travail étant un sens commun, l’IA ne peut le tuer car l’IA n’a pas de sens commun. Elle peut être très précise dans 99% des cas mais dans 1% elle conduit à de grosses « conneries ». Ces erreurs ne sont pas une histoire de répétitivité des taches, mais de sens commun. Ex : un serveur dans un café ne peut pas être remplacé par une machine car toutes les décisions qu’il doit prendre sont multiples et différentes à chaque instant et dans chaque lieu.

Il est probable que des métiers disparaîtront et se créeront. Le danger de l’IA peut venir si nous changeons notre environnement pour nous adapter à celle-ci. C’est ce qui semble se produire dans les ports gérés par les chinois où toute l’infrastructure est conçue pour l’IA et non plus pour l’homme. Nous avons à faire un choix de civilisation.

(Si on raisonne par l’absurde, il paraîtrait qu’1/3 des emplois sont des « boulots à la con » (les bullshit jobs). L’IA ne saura pas faire un boulot à la con !!).

IA et le libre arbitre ?

C’est sur ce point qu’est le danger, selon Gaspard Koenig.

Ces systèmes nous connaissent mieux que nous-même, ils connaissent notre environnement, ils nous donnent des conseils, ils nous conduisent à des choix optimaux. Nous allons alors leur déléguer notre capacité de choix. Cela signifie la fin du libre arbitre. Or, celui-ci est le fondement de nos systèmes sociaux (le fondement du système juridique américain par exemple).

On assisterait alors à une transformation culturelle radicale (chaos ?) car l’IA cherchera à optimiser la « performance » d’ensemble et non pas la performance individuelle, on irait alors vers « ce qui est le moins mauvais pour soi compte tenu d’un optimum pour l’ensemble ».

2 exemples :

  • Google maps vous indique le meilleur trajet pour désengorger le trafic pas le trajet le plus court, l’itinéraire égoïste, que vous vous choisiriez probablement.
  • Les applications de rencontres font face à l’illogisme humain. Les recherches ont montré que les femmes recherchaient un compagnon de leur tranche d’âge (une droite entre âge du demandeur et âge du demandé). Les hommes, bloquent leur curseur de compagne recherchée à 24 ans quel que soit leur propre âge (une asymptote). Les algorithmes ont alors besoin de nombreuses informations pour découvrir les désirs implicites sous des choix explicites, de façon à ce que l’ensemble du réseau soit satisfait.

IA et causalité ?

L’IA fait disparaître la notion de causalité et donc l’utilité des théories ou des lois.

Le fait de disposer de toute l’information permet de se passer de la notion de causalité.

Ex : la société Didi en Chine (le Uber chinois) a plus de 90% du marché des VTC en Chine. Elle dispose donc de toutes les informations. Cette société ne fait plus de politique de prix pour attirer les chauffeurs (offre et demande) vers certaines courses lointaines mais se contente de faire du dispatching de chauffeur pour assurer l’optimum d’ensemble. L’information étant complète, la notion de marché disparait. Il va plus loin en s’interrogeant sur la pérennité de la notion de justice, des lois en tant que telles.

IA et différences culturelles ?

Le Chine a fait de l’IA une priorité absolue tant sur le fond que sur le financement.

Les chinois n’ont aucun tabou, aucune limite, et ceci leur permettra d’atteindre un bonheur collectif. La passion de la Chine pour l’IA correspond parfaitement aux valeurs confucianistes qui reviennent en force. Les chinois parlent d’ailleurs de leurs inventions avec une grande candeur. Gaspard Koenig a alors projeté quelques verbatim comme « les jeux video permettent de rendre les gens accro pour mieux les contrôler (parti communiste) ».
Aux USA et en Europe, la prospérité allait de pair avec la liberté individuelle. L’IA remet en cause cette équation. Plus vous voulez de croissance, plus vous devez sacrifier la liberté individuelle, ce qui va à l’encontre des fondements mêmes des sociétés occidentales.

La notion d’impérialisme a d’ailleurs évolué en passant d’un impérialisme territorial à un impérialisme numérique dans lequel les gouvernements sont perdus.

Conclusion : un modèle alternatif ?

Le rétablissement de l’individu dans ses prérogatives humaines est le cœur de sa réflexion.

L’humain doit prendre conscience de l’extrême important du flux sortant des data, sa propriété privée, ses données personnelles. C’est notre bien et nous devons avoir le droit de le sortir du marché ou d’y rester !

GK fait la promotion des portefeuilles électronique de données : « Chacun doit pouvoir contrôler son propre nudge » !

Pour atteindre ce but, GK a besoin de « potes » listés ci-dessous. En cliquant sur chaque nom, vous verrez dans quelle lignée philosophique ou pratique ils/elle se situent.

Daniel Dennett

Harry Kloor

Jaron Lanier

Margrethe Vestager

Nous espérons que ce « résumé », loin d’être parfait, vous donnera envie de lire ce livre ou de réfléchir sur les notions de biens communs, libre arbitre, théorie, causalité et confucianisme.

(Et c’était chouette de retrouver Jimi Fontaine a cette conférence 😊)

En matière d’IA, vous êtes ANI, AGI ou ASI?

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Encore des nouveaux mots!

IA = Intelligence Artificielle , ceci est passé dans le langage commun.

ANI = Artificial Narrow Intelligence. En français dans le texte, c’est l’automatisation d’une tache, d’un domaine.

AGI= Artificial General Intelligence. De l’intelligence artificielle sur un ensemble de données.

ASI = Artificial Super Intelligence. De l’IA plus forte que le cerveau humain.

ANI on y est, les chatbots en sont un exemple. ASI, il faut que les entreprises s’y préparent, quant à l’ASI…

Mais finalement, ce qui est fait aujourd’hui ce n’est pas vraiment de l’intelligence artificielle, c’est du machine learning, mais c’est déjà énorme d’apprendre à partir de données.

Ceci vient d’une intervention de Pierre de Barochez, le Directeur des Systèmes d’Information de la MACIF qui recevait le 21 novembre, les 13èmes rencontres du club des pilotes de processus: les impacts du RPA (Robotic Process Automation) sur les processus et les organisations.

La MACIF a mené un chantier d’ANI en utilisant Watson d’IBM pour analyser les mails des clients issus du site MACIF.  L’idée étant de reconnaître le contenu mais aussi de déterminer le degré d’urgence, l’émotion contenue dans ce mail pour faire le tri et planifier les réponses. Cela sort dans quelques jours.

L’expression « détection des émotions » est revenue plusieurs fois dans la conférence comme un des challenges du machine learning. On n’en sort plus des émotions…

Sinon en vrac:

  • le chatbot de SwissLife a été supprimé après 3 mois d’expérience (pour en savoir plus )
  • Chez IBM, 400 projets blockchain. Un exemple, Maersk, leader du transport des conteneurs, a fait le constat que les échanges de documents administratifs autour d’un conteneur pesaient pour 20% dans le coût du transport et  que 30 intervenants interagissent autour de ce conteneur. Ils se sont engagés dans un projet blockchain pour faciliter le tout.

Quelques citations

« Pour un humain et en particulier à la banque postale, il faut passer du savoir faire au savoir être, pour que la relation physique entre le conseiller banque postale et son client soit un moment où l’on suscite l’émotion pour créer une relation durable »

Didier Moate – DRH Banque Postale

« L’humain est, depuis des lustres, dans une posture de domination des machines. En entreprise, on va vivre un choc de rapport entre l’humain, le salarié, et l’usage de la machine. Ce choc sera aussi fort ou même plus que celui de l’arrivée de l’informatique en entreprise »

Pierre de Barochez, CIO Macif

 

  • 25% du temps passé par des collaborateurs sont sur des taches répétitives
  • 30% du temps de l’IT est passé sur des taches de bas niveaux
  • 80% des taches basées sur des règles peuvent être automatisées
  • Entre 5 et 7 trilliards de dollars d’impact financier d’ici 2025
  • En 2019, 25% de chaque métier sera changé par le RPA (les robots)

Philippe Bournonhesque – CTO IBM

 

Sinon, un bel endroit, l’amphi de MACIF dans le XVème arrondissement, mais pas de code wifi, pas de # pour tweeter et surtout

PAS UNE FEMME SUR SCÈNE…

#nonmaisalloquoi

Le spectroscope organisationnel ou comment l’analyse des data des emails peut expliquer la satisfaction des employés!

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Pendant des lustres, les chercheurs en organisation ont fait l’hypothèse que la performance d’une entreprise dépendait de la structure formelle de cette entreprise mais aussi de la façon dont l’information circulait.

Jusqu’à présent, le flux d’information n’était pas une chose aisée à mesurer. Avec le digital, la donnée est là et a permis à Duncan Watts et son équipe de tester l’hypothèse précédente (Duncan Watts, le génial chercheur qui a validé, à l’ère digitale, le principe du « monde est petit », fait partie depuis quelques années, des équipes de recherche de Microsoft)

De quelles données parle-t-on ?

Celles des mails, pas le contenu mais les meta données de chaque mail (si vous êtes sur gmail, prenez un de vos mails, cliquez sur la flèche à droite et faites « afficher l’original », vous verrez. Ça doit être du même genre sur Outlook de Microsoft) ainsi que des informations plus classiques comme le titre du salarié, sa localisation, et les réponses à une enquête (satisfaction des employés vs leur manager). Tout ceci aux USA, sur des données de 2015, avec toutes les garanties de préservation de la vie privée de la terre !

Quel but ?

Avec des données de mail, peut-on prédire :

  • Le niveau de confiance des employés dans l’efficacité de leur manager
  • Le fait que différents groupes dans l’entreprise collaborent efficacement
  • La satisfaction des employés quant à l’équilibre vie au travail et vie privée

Comment ?

Là, ils se sont amusés (moi j’aime !) à procéder à 3 types d’analyse :

  • Du très classique en analyse de données, une analyse logistique
  • Du machine learning (algorithme random forest) SANS les meta données mail
  • Du machine learning (algorithme random forest) AVEC les meta données mail

Résultats ?

Ils ne se sont intéressés qu’au 15% d’individus insatisfaits.

Questions posées Modèle logistique Random Forest SANS les données mail Random Forest AVEC les données mail Caractéristique du mail la plus prédictive
Satisfaction vs son propre manager 20% 69% 93% Délai de réponse du manager (le pire, un long délai)
Collaboration dans l’entreprise 27% 70% 89% Taille du mail de réponse du manager (le pire, une réponse courte)
Equilibre vie au travail/vie privée 18% 42% 80% % de mails envoyés en dehors des heures de bureaux (plus il y en a, plus c’est mauvais)

D’un point de vue analyse de données, le modèle « random forest AVEC données des mails » est supérieur aux autres solutions.

Sur le fond (colonne de droite), a priori rien de renversant, les résultats sont frappés au coin du bon sens et vous vous dites « tout ça pour ça ! ».

En y regardant à 2 fois, on peut aller plus loin. En prenant, par exemple, l’équilibre privée/travail, si le nombre de mails en dehors des heures travaillées est un facteur important, on aurait pu s’attendre à ce que le volume global de mails reçus ou envoyés ou sa distribution selon les jours aient aussi un effet. NON !

Alors ?

En ressources humaines, comme dans bien des domaines, on pourrait piloter plus facilement la satisfaction des employés en utilisant les données qui existent en flux continu. Avec un grand bémol, NE PAS FLIQUER !!

Au fait, l’image c’est le réseau des employés Microsoft en fonction des échanges mails.

L’article originel (en anglais)

https://medium.com/@duncanjwatts/the-organizational-spectroscope-7f9f239a897c

Intelligence Artificielle, quel marché? Pour qui? Pour quoi?

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Dans un billet précédent, nous avions parlé de la taille du marché technologique autour de la RGDP (362 millions € en 2016, 1.2 milliards en 2018 et encore 1.1 mds en 2020, source étude IDC pour Microsoft, microsoftexperiences 2017). Dans la même étude, IDC a évalué l’Intelligence Artificielle (IA).

[150 individus interrogés (DSI, managers IT, Directions métiers) au sein d’entreprises avec un effectif de 500 salariés et plus du secteur industriel : Banque-Finance-Assurance, Industrie Manufacturière et de Process, Commerce (gros et détail, VPC, négoce, import- export), Santé (Cliniques, Hôpitaux, Etablissements de soins)].

Le marché des technologies liées à l’Intelligence Artificielle est d’une taille beaucoup plus petite (9 fois moins importante que RGPD en 2018),

  • 65 millions en 2016

  • 129 millions d’€ en 2018

  • 265 millions d’€ en 2020

Où en sont les entreprises ?

  • 22% n’ont pas de réflexion ou de projet
  • 42% des entreprises en sont au stade de la réflexion et de la compréhension du sujet
  • 22% vont démarrer un projet d’ici 1 an ou plus
  • 6% ont un projet pilote en cours
  • 6% l’utilisent déjà dans un seul domaine

Pour faire quoi ?

C’est là où la définition de l’IA entre en ligne de compte. L’IA dans cette étude, va du chatbot, aux algorithmes, à l’infrastructure cloud, à l’analyse des images… (cf photo ci-dessous). Cela correspond probablement au périmètre de Microsoft sur le sujet (supposition gratuite!)

IA technologies deployees ou en projet microsoft IDC

Et pour quels cas d’usage par fonction ?

Rien de révolutionnaire pour notre discipline préférée, le marketing, : « optimisation des campagnes marketing » et « personnalisation et recommandations affinées »

Et pour quels cas d’usage par secteur ?

« Recommandations financières intelligentes » pour la finance 😊.

Par contre, on retrouve de façon chiffrée, pour l’industrie, ce que Yannick Carriou nous avait évoqué lors d’un petit déjeuner IREP, 70% des entreprises visent à réduire les coûts grâce à la digitalisation  des lignes de production.

Viuz: « Editeurs, on vous vole! », Compte rendu partiel et partial de la conférence Viuz, Marketing Remix

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Désolée, je suis arrivée en retard, j’ai donc raté quelques interventions  au début de cette journée du 15 novembre 2016!

Amphi blindé (Auditorium Marceau), des personnes assises par terre, gros succès malgré une journée de dingue du côté des évènements (les  15 ans de NPA, le marketing day entre autres).

Merci à Patrick Kevern et Andres Menajovsky, les organisateurs de cette superbe journée.

Que retenir ?

La forme

  • un rythme très (trop ?) rapide dans l’air du temps (10 minutes max chaque intervention)
  • un mot qui revient en permanence : «  … l’ADN de notre société ». C’est fou le nombre d’entreprises avec ADN et le nombre de choses dans l’ADN des entreprises !

Le fond

  1. une star, Mercedes Erra
  2. un grand coup de gueule (en anglais)….
  3. de nouveaux acteurs, encore et encore
  4. des annonceurs qui reprennent du pouvoir
  5. de la donnée partout (on /off)
  6. du prédictif
  7. des éditeurs
  8. mais finalement, peut être un « back to the roots », avec le RETOUR AU CONSOMMATEUR (on a même reparlé des 4P du marketing !)
  9. des chiffres et des lettres

1- Commençons par la star, Mercedes Erra (pas la grosse tête).

viuz-marketing-remix-mercedes-erra

Vous vous dites, Mercedes Erra,  vue et revue,  et bien non!

Quand, pour démarrer, un immigré d’Argentine, Andres Menajovsky, interview une immigré catalane, Mercedes Erra, sur son arrivée en France à l’âge de 6 ans, une bulle d’intimité se crée et l’humanité est au centre, bien avant le reste, et ça fait du bien !

  • L’enfance ? La France est un pays extraordinaire, la santé et les écoles sont gratuites pour des français qui sont toujours fatigués! C’est en arrivant en France qu’elle a dû demander à ses parents quelle était la langue qu’elle parlait (catalan) car les gens lui disait que ce n’était pas de l’espagnol. Elle a attendu un bon moment avant de se mettre à parler français, mais quand elle l’a parlé, elle était la première en la matière ! Son rêve à l’époque, s’appeler Martine car c’est dur quand on est enfant, en France, de s’appeler Mercedes.
  • Prof de lettres ? Son premier métier, qui prouve son amour profond pour le français et pour la France. On se dit qu’être dans les lettres c’est être un poète, non, c’est une école de rigueur, « les polytechniciens sont plus poètes que moi ! ».  Etre prof à 21 ans et se dire qu’on va être dans l’éducation nationale toute sa vie, c’était impossible quand on a déjà envie de changer des choses dans cette grande maison…
  • HEC ? Une autre voie qui ne l’a pas tellement enthousiasmée mais qui lui a appris qu’elle pouvait y arriver. Et … que la pub était un métier fait pour elle.
  • La pub ? C’est un mélange d’analyse et d’action : analyser, comprendre, persuader et respecter le public. En France,  la publicité est un des sujets les plus rejetés (pas loin derrière, le politique et l’économique) mais ce qui est fascinant dans la publicité, c’est que l’on est dans le domaine de la perception, dans le crâne des gens !
  • Le digital ? « Je déteste le flou et le n’importe quoi du discours digital » (oui !!) « ce que je j’aime c’est que le monde évolue et l’on a à apprendre un monde » « à l’agence, je n’ai pas le droit de dire TV, c’est ringard, il faut dire vidéo !, mais pour construire la notoriété il faut toujours de la TV » « le digital, le plus grand CRM du monde »

Et pour conclure, « cette reine de la publicité » (comme l’a dit A Menajovsky en l’accueillant) « ne l’est que parce qu’il y a peu de femmes » !

2- Le coup de gueule : Corey Gronengold (punchy !), un anglais qui travaille dans une startup française, Smart Adserver

TRUMP A RAISON, LE SYSTÈME EST INJUSTE !

TRUMP A TORT, CE N’EST PAS LE SYSTÈME ÉLECTORAL MAIS LE SYSTÈME PUBLICITAIRE !

 

« LES EDITEURS SE FONT VOLER »

… Après les annonceurs (cf enquête ANA, ici, la, et encore), ce sont les éditeurs qui sont des victimes. Les voleurs ? La fraude, …, Les entreprises d’ad tec (technologie publicitaire)!

Tout ceci viendrait au départ d’une énorme erreur des éditeurs : avoir mis le contenu en accès libre au lieu d’un accès payant. La course à la vente de  l’espace publicitaire pour survivre ayant conduit à la création du programmatique, les technologies publicitaires et celles de fraude ont alors fleuri et amené The Guardian a fait un test, acheter, en programmatique, son propre espace publicitaire pour voir ce qui lui revenait .

 Dans le pire des cas, The Guardian n‘a reçu que 30 pences sur 1 livre achetée…

C’est le pire des cas certes, mais on ne connait pas l’ampleur des dégâts. La plupart des éditeurs ne le savent pas car la complexité de l’achat publicitaire est telle et les intervenants sont si nombreux qu’il est impossible d’avoir une transparence avec eux. Finalement 2 entités, au moins, sont victimes : l’éditeur qui ne peut vivre avec peu d’argent, le lecteur qui n’aura plus de contenu. Quant à l’annonceur…

La solution serait d’être comme Alain Juppé (ça l’anglais ne l’a pas dit) « droit dans ses bottes » ! Time magazine a nettoyé son inventaire publicitaire pour être propre et transparent. AppNexus a fait de même  en 2015 (65% d’inventaire publicitaire en moins, la fraude…) et finalement se porte toujours très bien.

appnexus-volume-of-us-impressions-transacted-2014-2015

 

 

appnexus-average-us-cpm-2014-2015

Les impressions visibles ont plus de valeur!  Mais, comme le dit le SRI (Syndicat des Régies Internet) , « tout le monde est bien d’accord que les impressions visibles aient plus de valeur, mais est-ce la réalité du marché ? »

Une vraie question sous-jacente à l’initiative SRI/UDECAM sur la création d’un  label de qualité pour des sites dont les méthodes et l’espace publicitaire répondent à un certain nombre de critères de qualité et transparence. Ce label est en cours d’élaboration, les critères retenus (Brand safety, visibilité, fraude, expérience utilisateur et privacy) seront certifiés par un tiers de confiance début 2017.  A l’affirmation de Sophie Poncin (concentrée), Présidente du SRI, sur « si on a le label, on gagnera des parts de marché »  la réponse  de Jean-Luc Chetrit (à l’aise), Président de l’UDECAM,  n’a pas été si claire que cela, mais j’ai sûrement mal entendu.

Pour en revenir à Corry Gronengold (Smartadserver) , un autre voleur existe : Facebook avec Instant Articles. ..

Sa conclusion a été simple :

 « Editeurs, vos soi-disants partenaires vous volent vos revenus, faites quelque chose !

Soyez intelligents, soyez transparents ». 

3- Nouveaux acteurs encore et encore

  • La régie qui ne fait pas sa pub « Amazon Media Goup » (Edouard Dinichert, secret) qui n’a pas le droit de parler de son chiffre d’affaires, de son effectif, de … mais qui recrute (10 postes à pourvoir) a fait une belle opération spéciale avec SEAT (Anne Lainé,  fière) en vendant des voitures (Mii by Mango) sur Amazon (22 voitures sur 25), livrables à domicile en 72 heures (Le film ici). Amazon c’est 300 millions de références, 2 000 fois le plus gros hyper en France.

 

  • Les nouvelles agences media : les sociétés de conseil type Accenture ? La réponse de JL Chetrit (énervé) est claire : « on ne peut pas à la fois faire du conseil et de l’achat ». Mais, visiblement, chez Carat, on peut faire de l’achat et du conseil, puisque une structure dédiée au conseil y a été créée.  Accenture, dont le PDG monde est français, est engagé, depuis 5 ans, dans une refonte complète du métier avec une digitalisation de plus en plus forte en fonctionnant par acquisition (90% des acquisitions de l’histoire d’Accenture ont été faites dans les 5 dernières années) et en jouant sur la diversité des profils embauchés (il y a du boulot!). Le point clé est de garder la culture de toutes ses sociétés de taille moyenne. Cela doit bien fonctionner car Ad Age a indiqué qu’Accenture Interactive était le plus gros réseau digital au monde et celui qui croit le plus vite en 2016. A la phrase de JL Chetrit, Pascal Delorme (réfléchi), Accenture France et Benelux, répond que « Publicis fait aussi le même chemin mais dans l’autre sens avec le rachat de Sapient qui fait de l’organisation informatique ».

Comme d’habitude tout est dans tout !

4- Des annonceurs qui reprennent du pouvoir

Un bon exemple avec Greg Ragon (Carrefour, motivé) et Xavier Marchand (DoubleClick, calme).

Les 4 enjeux de Carrefour :

  1. bien comprendre le parcours client (on&off),
  2. articuler le discours marque au digital et aux technologies
  3. personnaliser les messages
  4. mesurer les effets

Du neuf  en 2016:

  • Une nouvelle organisation digitale a été mise en place chez Carrefour ,
  • Intégration des outils de Double click (Google) entre autres,
  • Montée en puissance des équipes,
  • Refonte du site (entre 9 et 10 millions de visiteurs uniques),
  • Internalisation de l’analyse des données en premier puis création et achat…

Les objectifs digitaux 2017 :

  • un lancement de technologies DCO (Dynamic Creative Organisation) pour faire de la pub personnalisée pour chaque internaute,
  • comprendre le web to store
  • comprendre le programmatique.

5- Le mélange on/off

  • Il est rare de voir un annonceur BtoB (Business to Business) dans une conférence comme celle là: Dassault Systèmes, Michael Nathan, avec Caroline Duret Radium One (très bons tous les 2). Pour ceux qui ne connaissent pas, Dassault Systèmes est un éditeur de logiciel, pas un fabricant d’avion ! Et comme tout bon vendeur de logiciel, ils ont monté une plateforme de solutions complètes qui les a conduits à réintégrer leurs ventes (faites par IBM depuis 25 ans!), à transformer le marketing de l’entreprise vers le digital. D’où la création d’une structure transversale réunissant l’ensemble des organisations impactées par le digital avec les individus en chargent d’animer l’eco-syteme digital et ceux  en charge de faire connaitre (les stratégies d’amplification). C’est l’idée que les clients de Dassault Systèmes sont aussi des individus que l’on peut aller chercher aussi du coté « privé » et pas seulement business. Radiumone est allé chercher ces individus en les  qualifiant et a créé des segments pour mieux adresser la marque à chaque segment.  Les recettes du BtoC ont été appliquées au BtoB !

 

« Une data non-on boardée est une data zombie ».

  • Belle phrase par Nicolas Blandel (habité) de Temelio. Le « on-boarding » (prendre des données non digitales de votre fichier client, et les digitaliser, voir ici). Un exemple d’application avec Georges Vignau Maif (content). 90% des individus souscrivent en agence mais 60% visitent le site. C’est le résultat de la qualification digitale faite par Temelio. L’objectif etait de l’humanité au site, d’aller à l’essentiel avec les individus, rassembler les informations nécessaires et suffisantes sur eux pour que, lorsqu’ils demandent un devis, ils n’aient pas un questionnaire de 50 questions a remplir. Cela a permis à MAIF de personnaliser au maximum sa communication, le but ultime étant d’avoir le site de MAIF complètement adapté et différent d’un client à l’autre. Avec la data on boardée, le principal problème, ce sont les juristes!

6- du prédictif

Yann Le Roux (excellent comme d’habitude!), patron d’Integral Ad Science en France rappelle « qu’une impression  invisible ne peut pas marcher et pourtant elle le fait« ! De l’intérêt d’adopter des solutions comme IAS pour éviter ce genre de situation.

yann-le-roux-integral-adscienceIl a dégainé son arme absolue: optimiser la qualité en programmatique avec des données prédictives en pre-bid (pre-enchère).  Seul IAS sait le faire.  C’est vrai que cela a une valeur car si l’enchère ne se fait pas puisqu’elle ne rencontre pas les critères de qualité, elle n’est pas achetée!

IAS est devenu, à mon avis , le maître du marché digital français car cette entreprise maîtrise la mesure, la monnaie d’échange.

7- des éditeurs

Je n’en citerai qu’une, Laurence Bridier-Bonicalzi (punchy, souriante, claire) , qui dans le mercato régie de la rentrée, a quitté Weborama France pour diriger M Publicité-RégieObs.

« rejoindre Le Monde c’est aller là où les choses vont se passer! »

La galaxie du Monde:

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La parole aux lecteurs (cf photo de la salle du conseil du Monde)

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4 points majeurs de la stratégie:

  • mobile,
  • innovation,
  • évènements (On ne dit pas assez le poids des évènements dans le business de certains journaux!)
  • data

Une volonté de rajeunir les lecteurs les a conduits à investir sur Snapchat discover

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un chemin de fer pour la pub sur SNAPCHAT!

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Résultat 2 millions de Snappeurs en 3 mois, avec en moyenne 2 minutes passées ce qui est enorme pour cette cible et comme le dit Jonathan Ravellec « sans faire de cœur ou de LOL »!

8- Finalement, un « back to the roots », avec le RETOUR AU CONSOMMATEUR  dans le « remix du marketing du marketing suffit-il?

Une excellente intervention de Raphael Fetique (drôle et intéressant) de Converteo, une société de conseil en digital (ne pas confondre avec  Convertro , la société de mesure d’attribution rachetée par AOL). C’est lui qui a parlé des 4P base du marketing pendant plus de 40 ans (prix, produit, place, publicité).

Le digital n’est pas le vrai sujet, par contre la donnée comportementale, ça c’est important, d’autant plus que cette donnée est abondante et peu couteuse. Les technologies ont libéré la data et réduit les coûts.

Il faut donc arrêter de parler de transformation digitale et être customer centric donc revenir au marketing, à ses prospects, à ses cliens.

Il faut remixer les objectifs et moyens marketing: en connectant les silos du POE (Paid, Owned, Earned) et scenariser l’expérience par audience en définissant les objectifs par audience (ca s’appelle une strategie de communication!). Il faut arriver à contracter en direct les outils de l’Adtech avec ceux de la Martech et repenser la gouvernance de la data (ça c’est vrai!).

Il faut convaincre les équipes et le management que la data a de la valeur et que celle ci est liée à

  • sa qualité intrinsèque
  • son caratère identifié
  • sa fraicheur.

La collecte de la data devra se faire sur une approche win/win vis à vis du consommateur (il y a du boulot!).

Il faut remixer aussi la mesure de l’efficacité marketing via

  • les processus d’attribution
  • les test A/B (pour les tests A/B c’est une constante de la journée!)
  • le marketing mix modeling
  • l’approche qualitative

IL A RAISON!!!!!

9- Des chiffres et des lettres

« chaque jour, 3 milliards d’impressions publicitaires chez CRITEO »

« les adblockers sont plus un rejet de tout ce qui nuit à l’expérience utilisateur à la navigation de l’internaute qu’un rejet de la pub en elle-même »

« 200 millions d’utilisateurs d’adblockers dans le monde »

« Les performances des campagnes adblockées sont identiques à celles non adblockées »

« 65% du chiffre d’affaires de Criteo est lié aux distributeurs »

Cédric Vandervynckt, CRITEO

 

« 1750 marques ont communiqué en video in stream cette année (+31% vs n-1) »

Denis Gaucher, Kantar Media

« avoir un bon contenu c’est une façon d’émerger (la vie du filet), pour Babybel, on a pris un scénariste Cinéma/TV et on a fait des investissements massifs en digital  » ,

XAVIER HANNEBICQUE, Directeur Catégories et Marques Enfants, Bel.

 

« le Rapport ANA? La fraude des robots et la fraude des agences media! trop de mélanges »

« ne pas confondre la loi et le contrat. Il ne faut pas tomber dans la dictature de la transparence »

« le programmatique n’est efficace qu’avec de la créativité »

« Google et Facebook, 80% du marché publicitaire, appliquons les mêmes règles à Google et Facebook, que celles imposées aux media nationaux »

Jean-Luc Chetrit, Président UDECAM

 

« le contenu sans techno c’est compliqué, la techno sans contenu c’est vide »

« La merde c’est toujours trop cher! Une campagne non visible ça n’existe pas! »

« AOL is back »

Erik-Marie Bion, AOL